Humour au four
Deux préambules, chers lecteurs :
Ce billet, né d'une poussée de gaudriolesque humeur, ne fait nullement référence aux jeux de mots douteux de certain vieux monsieur indigne à l'oeil en trompe-l'oeil, pas plus qu'il ne vous gratifiera d'une enième recette de cuisine d'apprenti maître-queux semeur de bonne parole de queue de poële.
Non, ces quelques lignes ont pour but de vous livrer les tourments qui peuvent assaillir un condamné aux fourneaux lorsqu'il s'agit de donner à son plat un nom qui le fasse passer à la postérité, voyez? Quelque chose comme les crêpes Suzette, la tarte Tatin, le tourne-dos Rossini, etc, etc.
La bête est dresséa dans le four, venons-en maintenant aux différentes phases nécessaires à la transformation du malheureux volatile en succulent mets, apothéose pour les chantres de l'alchimie culinaire, abomination absolue pour les tenants des mitonnages végétaux, mais ainsi va le (notre) monde.
Premier point, il faut disposer de cet ustensile qui n'est pas un chapeau de Mexicain interprété par un Jeff Koons devenu potier, le plastique étant devenu fatal à la planète (et nous savons tous son opportunisme).
Donc, il est nécessaire d'acquérir ce plat, comment ? je n'en sais rien, c'est ma soeur Marie-Émilie, vestale des bizarreries du folklore espagnol, qui me l'a ramené de Logroño (connaissez-vous cette ville ? Moi non).
Seconde étape, vous asseyez le poulet (mort, vidé et plumé, ça va de soi) sur le cône qui s'érige au centre du plat en s'assurant, bien entendu, de la stabilité de l'ensemble ; puis dans la rigole circulaire vous disposez les légumes de votre choix.
Bien sûr, je passe sur les matières grasses, assaisonnements et autres herbes, la vocation de ce blog n'est pas en concurrence avec le Guide de la bonne cuisinière de madame C. Durandeau...
Puis, si votre mâchoire, cher lecteur, n'est pas encore décrochée d'ennui, vous revenez à la magnifique illustration de l'incipit, et la boucle est bouclée.
Cependant, la toile de fond étant posée, reste en suspens la question primordiale qui me taraude l'esprit jusques aux tremblements de l'anxiété la plus extrême, alors je vous soumets mes suggestions, comptant sur votre inextinguible charité pour me délivrer de cet affreux questionnement :
J'ai, en premier lieu pensé à "poulet aux derniers outrages"; Trop passionnel
En second lieu j'ai exclu tout ce qui avait trait aux pratiques nous ramenant aux horreurs de cette ville dont la seule évocation fait dresser d'horreur les cheveux sur la tête et qui est associé à Gomorrhe (Au fait, quel était le vice de Gomorrhe ?)
Le supplice du pal m'est venu ensuite, mais, tant de radicalisme...
Alors, j'ai fouillé dans mes souvenirs littéraires et, je me suis rappelé que l'éditeur de mon cher Lautréamont portait pour patronyme le si noble nom de Poulet-Malassis.
Un poulet "Poulet-Malassis".
Qu'en pensez-vous ?