Généalogies, de Coulommiers au Rocher.
Voici Dame Marie-Louise Charlotte Gabrielle dite Caroline Gibert de Lametz, née en 1793, (quasiment trois mois avant la fin tragique de la Reine de France) et qui finit paisiblement ses jours à l'âge de quatre-vingt-six ans en 1879.
Vous pourrez toujours arguer que le portrait de cette dame dont la beauté n'était pas la qualité cardinale ne vous inspire aucune curiosité, eh bien vous auriez tort, car son destin fut fort singulier.
Votre curiosité est piquée ? Et bien voilà...
Marie-Louise, vint au monde dans une puissante famille de Coulommiers, les Gibert, riches laboureurs receveurs du Pays de France et du Multien qui grâce à sa fortune acquit au cours des siècles fiefs et charges annoblissantes pour les rejetons mâles.
Et les filles, me direz-vous ? Eh bien, grâce à une politique de mariages menée de main de maître, les Gibert s'allièrent à toutes les grandes familles de France.
Marie-Louise, décida de se prénommer Caroline et accola à son patronyme le joli nom de Lametz, car ainsi se nommait le château du troisième mari de sa mère.
La caravelle Caroline Gibert de Lametz était fin prête à être lancée.
Il y avait des antécédents, le demi-frère de Caroline, Louis-Pierre Musnier de Mauroy avait épousé, en 1814, Amélie d'Aumont, fille illégitime de la Princesse Louise de Monaco, or ladite Princesse avait elle aussi un demi-frère membre de la famille régnante de Monaco : Florestan de Grimaldi. C'est lors des fêtes nuptiales au château de Lametz que Florestan et l'aimable jeune brune aux traits disons... affirmés succombèrent à cette maladie d'amour de laquelle ils ne guériraient jamais.
La famille de Monaco ne se montra pas réellement enchantée de cette idylle, mais, somme toute, Florestan, simple cadet n'étant pas destiné à régner, on passa outre et l'heureux mariage fut célébré le 27 novembre 1816.
Notre Mademoiselle Gibert allait à grands pas, sans en avoir vraiment conscience, vers un destin exceptionnel.
Caroline était elle ambitieuse ? rien ne permet de l'affirmer, mais ce qui est certain c'est qu'une cohorte de fées bienveillantes s'étaient penchées sur son berceau lors de sa naissance : le Prince régnant du fabuleux rocher trépassa sans descendance.
Et hop ! Florestan accède au trône avec à ses côtés sa Princesse ce qui justifie le pompeux portrait en majesté présenté en incipit.
Or, il se trouvait que Florestan, déjà lourdement endetté, héritait d'une principauté au bord de la faillite, peu doué en matière de gestion et certainement peu soucieux des ennuyeuses tâches administratives, il se déchargea de toutes ces choses ennuyeuses sur sa chère épouse.
Chose incroyable, la Princesse Caroline se révéla être une gestionnaire hors pair ; après toute une série de procès intentés et gagnés et faisant main basse sur la dot de sa belle-fille, la Princesse Antoinette de Mérode qui avait épousé Charles, son fils appelé à régner sous le nom de Charles III, la nouvelle Princesse, était particulièrement clairvoyante pour ne pas dire visionnaire, consciente de la pénurie en richesses naturelles de son minuscule royaume, informée de l'essor futur du tourisme des côtes méditerranéennes, la Riviéra, pour une clientèle fortunée internationale, elle fit le pari de promouvoir Monaco dans cette voie et en créa le casino, une véritable manne qui ne s'est jamais démentie ; bien avant sa mort survenue à l'âge de 86 ans, le 23 novembre1879, la Principauté prospère était la plaque tournante et mondiale des rendez-vous mondains des fortunés.
Les descendants de Caroline et Florestan règnent toujours sur le coffre-fort et les palmiers, il paraîtrait aussi qu'ils ont perpétué le goût des procès qui rapportent gros ; mais ne soyons pas médisants, il se dit tellement de choses...
Cependant, me direz-vous, que nous vaut ce titre de "généalogie" annoncée ? Et bien, figurez-vous, qu'un des éminents habitants de cette bulle hors du temps qu'est le village de Charmes en l'Angle aux confins de la Champagne, n'est autre que le maire de la localité, un certain Charles Dubois, il descend en ligne directe aussi, tout comme l'ineffable Caroline, de Guillaume Gibert (1540-1587).
Rassurez-vous, il n'est pas encore la proie de la presse à ragots.
Pour vivre heureux, vivons cachés.