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Le blog de HP
4 mars 2018

Marche ou rêve

Marcher, un plaisir retrouvé qu'un ancrage à la campagne un peu plus long que d'habitude a rendu quasi quotidien ; en ce mars des temps bousculés et mêlés telles les aiguilles d'un jeu de mikado jetées à l'aventure, se sont succédées, télescopées, superposées, mêlées et affrontées les froidures glaciales et les douceurs pluvieuses, avec de temps à autre, inopinément, les fulgurances de soleils aux éclats de rire bleus dans le moutonnement d'étoupe des nuages de gris et d'argent.

05 mars 2018 (10)

La neige d'une nuit couvrant la glace de l'étang fut le point de départ d'un redoux, qui, dans ces cinq premiers jours du mois, ont d'abords fait crisser les semelles de mes souliers de marche sur les feuilles ourlées de givre et les flaques glacées pour, deux jours après, dans un bruit de succions cadencées, les crotter de boues gluantes.

01 mars 2018 (1)


Les chemins vicinaux, défoncés et transformés en fondrières par les pneus des colossales machines agricoles, ne furent bientôt plus praticables, et de l'itinéraire des vallées je passai à l'itinéraire des crêtes ; aux cieux griffés des squelettes nus des arbres de l'hiver ont succédé, sur les hauts plateaux venteux, les étendues immenses et moutonnantes de ces grands horizons de la Haute Marne si chers au général De Gaulle.
Aux encaissements des sentiers creux dans le sauvage dont les ramures des bois qu'ils traversent forment souvent des voûtes ombreuses, succèdent les vallonnements cultivés et sommés de couronnes de forêts ; au point de rencontre des deux, il n'est pas rare de lever les hôtes de ces étendues,  lièvres, cheveuils ou sangliers, partagés entre la soif des aventures au découvert lumineux mais exposé et la protection des profondeurs du couvert.

05 mars 2018 (29)05 mars 2018 (16)

05 mars 2018 (8)

La marche densifie le temps ; qui n'aligne pas les kilomètres au gré des pas, tantôt courts et précipités, tantôt allongés et réguliers, selon les variations du relief, ne peut imaginer à quel point le quotidien est prodigue de mille et un détails réservés au seul promeneur affranchi de toute hâte, la course étant une griserie du corps dans la nature, la marche, elle, un pacte avec la nature.
Le réel au temps ralenti vous révèle l'insolite dans le quotidien, le fortuit dans l'attendu.
Le lit de la rivière piqué d'une branche tombée réinvente le cadran solaire, le vieil arbre mourant infuse ses restes de vie aux champignons qui, montés à l'assaut de son fût, se nourissent de ses dernières substances tandis que les festons aux bistres virides de cette autre espèce ornent de leurs précieuses guipures la taille du frêne abattu.
La mort et la vie, en de mystérieux programmes, s'enlacent et s'étreignent pour se passer le relais des cycles éternels où les fins s'ouvrent sur de nouveaux recommencements.

01 mars 2018 (20)

01 mars 2018 (26)01 mars 2018 (37)

Cependant, la solitude et la contemplation s'allient subrepticement pour vous soustraire à votre raison et libérer votre imaginaire sur le vaste champ des rêveries où constructions mentales et réflexions spontanées naissent des infinis et des microcosmes qui s'offrent à vos yeux.
Un amas de vieilles pierres de taille sous quelques bris de tuiles et de gravats mousseux disent qu'à cette intersection de chemins de forêt, il y eut une habitation ; la réalité transfigurée par la mélancolie qui sourd de ces vestiges nous donne le souvenir de ce, de ceux, que nous n'avons pu connaître et dont le souffle nous parvient, convoyé par les vents qui balaient les désolations de ces hauteurs où, à part le passage hypothétique d'une machine agricole, plus rien ne parle d'activité humaine ; ma pensée retourne vers la partie basse du chemin où quelques centaines de mètres couverts d'asphalte lui ont valu le nom pompeux de "rue". Vous parlez d'une rue, seules deux habitations, abandonnées finissent de se démantibuler aux quatre points cardinaux de l'incurie, le plafond écroulé de la première a enseveli tout signe d'occupation, mais la deuxième, arborant encore une jolie marquise de fer forgé et de verre, s'ouvre par sa porte béante sur les pauvres aménagements d'une vie rurale disparue, une cuisinière à feu continu, luxe des années cinquante se loge sous la belle cheminée de pierre tandis qu'un lit-cage témoigne de ces temps d'économie domestique où, lors des rudes hivers, la vie se concentrait dans l'unique pièce avec feu. 
Ils étaient pourtant nombreux les paysans d'alors qui, lorsque la mécanisation a outrance a réduit les petites étendues agricoles à la misère, ont dû céder peu à peu leurs biens aux plus aisés quittant leurs terres pour aller fournir en main d'oeuvre ouvrière les industries des villes.
Les nouveaux exploitants en vrai chefs d'entreprise, ont eux déserté les fermes des villages pour construire à l'écart les imposants hangars rendus nécessaires par la culture intensive sur les immenses surfaces issues du regroupement.
Les cours de ferme du village, désertées par les chars et les machines, sont devenues des basse-cours et, esprit d'économie aidant, les vestiges des mécaniques d'antan sont récupérées pour se muer en insolites et pittoresques clôtures.

04 mars 2018 (9)04 mars 2018 (10)

03 mars 2018 (5)

L'un de mes itinéraires favoris m'amène à passer devant la mairie de Charmes la Grande dont le fronton s'orne d'une étrange inscription au sens jusqu'ici demeuré mystérieux.
Donc, puisque la mode est aux quizz (serions-nous assez rétrogrades pour parler de "tests" ?), je vous laisse, chers lecteurs avec l'énigme en poche... reconnaissance éternelle à qui déchirera le voile de mon inculture.
D'avance merci.

04 mars 2018 (15)

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Commentaires
H
Toi aussi, chère Édith, tu nous manques. Et beaucoup. Et aussi ce cercle d'amis nés d'inoubliables soirées littéraires au coin d'un feu, rite dont tu étais la Grande Prêtresse. Il faut, dans le tourbillon des jours, fixer un temps pour se re-vivre avec le bonheur que nous savons. A la belle saison nous marcherons de concert. J'y tiens. t'embrasse, vous embrassons.
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E
Cher Henri-Pierre, toi et Charles me manquez, surtout après la lecture de ce très beau texte, qui me fait partir en campagne dans les tréfonds de mon esprit.
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H
Merci, amie fidèle, d'avoir mis mes pas dans les tiens pour me dire que tu avais mis les tiens dans les miens. T'embrasse
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J
je marche, tranquille dans la ville, une petite ville.<br /> <br /> ici mes pas me conduisent invariablement à la mer,<br /> <br /> à ce golfe où les tanker ancrés se balancent.<br /> <br /> un paysage industriel qui se transforme au grès des transports maritimes.<br /> <br /> <br /> <br /> cette cuisine abandonnée me touche, ces restes de vie encore vivants.<br /> <br /> et "tes éclats de rire bleus" ont l'odeur que j'aime.......<br /> <br /> je t'embrasse
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H
Commencer la journée par tes mots, ma chère Laura, est ouvrir les heures qui vont suivre par de belles couleurs de sensibilité et d'affection. Merci de ta fidèle venue ici.<br /> <br /> Puisque tu n'aimes pas marcher, je suis heureux que mes pas t'aient fait rêver.<br /> <br /> Plein de poutous à ma Belle-Amie.
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