Poids et mesures

Tout s'étalonne, se quantifie et notre civilisation de la compétition porte cette tendance à son paroxysme ; culture du Guiness, records en quantité, en poids, en hauteur, en largeur, en épaisseur, en vitesse etc. mais aucunement en qualité.
Culte du record.
Culture des "digest" et autres "quizz" : Quel est le sommet le plus haut du monde, l'océan le plus profond, la mare la plus peuplée en oies et, qui, gagna en 1895 le concours des épépineuses de groseilles ? (tiens celle-là je la connais, elle a sa plaque au mur d'une maison de Bar-le-Duc), pour le reste mon pauvre cerveau n'a pas assez de place pour s'encombrer de ces indispensables savoirs.
D'ailleurs qui se soucie des demi-teintes, des incertitudes, des approximations ou des ambivalences ? Personne voyons, il n'y a pas de temps à perdre bien que jamais l'homme n'en ait disposé d'autant.

Quoi qu'il en soit, dès que l'échange généralisé est devenu commerce, et pour les denrées ne pouvant être décomptées (essayez donc d'étalonner le blé à l'unité ) il a bien fallu peser.
Le poids, la surface ou le volume sont donc devenus sous diverses formes d'étalonnage l'unité donnant une valeur aux biens ; aux biens ou aux femmes si l'on en croit les "Vénus de Lespugue" et autres replètes beautés Néanderthaliennes, Magdaléniennes ou que sais-je encore.

Bon restons sérieux, de temps immémoriaux, l'homme s'est évertué à inventer toutes sortes d'outils rendant possible la pesée ; oui, oui, même en Ressources Humaines il existe des grilles d'évaluation pour la "pesée" des postes et déterminer s'ils sont d'un niveau cadre moyen, ou supérieur ou "manageur", comme ça, tant de points = tel poids, et hop ça te positionne de facto dans la grille des salaires, ça te coupe tout net toute velléité de revendication en termes de vil métal.

Je n'ai pas conservé des grilles d'évaluation des postes, mais j'ai glané ici, à Charmes, ces quelques objets d'évaluation du poids, il y a bien aussi une petite balance surmontée d'un bol en plastique affectée à la cuisine, mais, bien que cuisinant beaucoup je ne l'utilise jamais : je fais, moi, de la cuisine intuitive, celle du génie, quoi !

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Ceci dit, il y aurait une étude à faire sur les pesons, tant leur forme à varié durant les siècles, je me rappelle en avoir possédé un, Romain, en forme de service trois pièces, si vous voyez ce que je veux dire... Fascinant n'est-ce pas ? Surtout si, (n'est-ce pas Jardinbaroque* ?), on se remémore la sémantique du mot "fascination".
Les pesons que j'inclus ici sont d'origine Marocaine et ont une forme très ancienne et autrefois très répandue.

La notion de poids peut parfois être signe d'équité : il ne faut pas faire deux poids deux mesures

Mais souvent, la lourdeur, qui nous rappelle sans cesse les lois de l'attraction terrestre, a une connotation plutôt dépréciative, pour exemple :
L'échine courbée sous le poids des ans,
Le poids de l'éducation,ou des conventions, ou encore de l'ordre social, etc.

Vous avez tous certainement fait ces deux sortes de rêves :
Vous volez, débarrassé de toute pesanteur, tout est léger, les amarres lâchées vous planez au dessus des choses et vous êtes les rois du monde, rien ne peut vous atteindre.
Vous essayez de fuir devant un danger et les semelles vous collent au sol, le mal se rapproche et il vous est impossible de courir et même d'avancer, seul le réveil vous délivrera de l'angoisse de la terreur, de l'inéluctabilité de la souffrance.

Drôle de "poids" qui d'une part donne de la valeur et d'une autre signifie nos attaches, nos limites et nos incapacités.

L'intelligence induit des mécanismes de pensée légers, subtils, déliés, contrairement à l'épaisseur et à la lourdeur des pensées binaires ou mal dégrossies.
Quoique, dans ce même domaine de la pensée, au plus un raisonnement est convaincant et juste, au plus il a de poids et de densité.

Voilà, quelques réflexions, lourdes ou légères, à vous de juger, qui , en cette journée de campagne pluvieuse flottaient dans les langueurs d'un esprit en demi-sommeil.

P.S. Oui, je sais, il existe encore dans notre frénésie d'évaluations, les notions de temps, de vitesse, de densité, et certainement d'autres encore, mais je ne m'étais pas fixé pour objectif d'écrire un article encyclopédique sur le sujet.

* Jardinbaroque est dans mes liens.

Comments

[Creaminal]

Rien à voir, mais en ce 19 juillet, je me permets : Bon anniversaire !

[cristina]

Ce genre de rêve me fait peur!
Merci de ton passage,heureuse de te retrouver!
A bientôt, bisous.

[michel Giliberti]

Oui, je connais ces rêves immobiles, ces rêves où le poids du corps fait votre malheur. Déserter cette pesanteur serait peut-être bien, mais comment percevrions-nous alors nos vrais envols?

Michel

[henri]

Je pense que c'est rentré dans la mémoire collective depuis longtemps! Et que personne n'y échappe! Quand l'espèce humaine vivra dans l'espace et, ou, sur des planètes ou la pesanteur est différente, cela disparaîtra du langage comme pour l'utilisation concrète!

[venezia]

"L'humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu'elle a faits. Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d'elle."
(Henri Bergson.

Je suis tombé par hasard sur cette citation et j’ai trouvé quelle pouvait illustrer ce billet, peut être qu’elle ne t’est pas inconnue ?, Ce que tu dis m’a fais beaucoup réfléchir après relecture, et à chaque fois je découvre un mot une phrase dont le sens au départ m’avais échappé. Ah le poids des mots…