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...aux chroniques de Charmes.
Un hiver, insolite et capricant, donne à Charmes de singulières couleurs.
L'automne et le début de la saison "normalement" froide étaient d'une douceur extrême, après des pluies abondantes le sol est gorgé d'eau et l'étang, gonflé de vanité, se donne des allures de petit lac.
Après l'eau, un magnifique soleil s'est installé, zébrant les étendues d'un vert crissant, de stries lumineuses.
Bien sûr, ces anomalies d'une atmosphère capricante ont des effets curieux sur la nature et ses hôtes. Les chatons poussent insolemment sans avoir cure de l'inévitable retour à l'ordre glacé qui les anéantira ; les oiseaux, en délire, habitent l'espace du fond sonore d'un printemps incongru.
Les taupes s'en donnent à coeur joie et le jardin se met à ressembler au Verdun de 14-18.
Les vaches du voisin, qui voient de ce fait, l'heure de la stabulation reculée sont prises de folie, transgressent leurs clôtures et sont venues nous rendre une visite dévastatrice pour les alentours spongieux de l'étang.
Les travaux de réfection des murs du verger se poursuivent et le "manitou" (mot fraîchement acquis) du pépiniériste ajoute l'injure des ornières boueuses à un paysage définitivement chamboulé.
Du côté du mur de clôture longeant la départementale les choses ne sont pas plus reluisantes, la DDE a entrepris des travaux de curetage des fossés et, les zélés jardiniers départementaux n'ont trouvé rien de mieux que de balancer les terres enlevées par dessus notre vieux mur, envoyant ad patres, dans leur délicatesse, trois bons mètres linéaires dudit mur de pierres sèches.
Non, ils n'ont pas laissé de carte de visite, mais, dans un village de neuf âmes l'information circule de façon remarquable.
Chitan, qui aura demain dix mois, s'est mis en tête d'ajouter aux désordres naturels et humains. De retour d'une incursion en la bonne ville de Joinville, il fonce nous accueillir, primesautier et gambadant comme d'habitude. Horreur, son oeil droit est en sang ; une observation plus précise nous rassure, la plaie est située au dessus de l'oeil.
Ouf !
Retour en flèche dans l'automobile, direction Wassy où notre vétérinaire déguise, au moyen de sept agraphes, notre chiot en punk londonien.
La douceur de l'air se poursuivit tout le dimanche ; un ciel nocturne criblé de constellations annonçait cependant un changement radical de température.
Lundi, au réveil, de magnifiques scènes de givre s'offraient à nos yeux sous un froid piquant.
Dans l'après-midi, avant le départ pour Paris, la douceur recommençait à s'installer...
Les volets intérieurs et les persiennes fermés ont rendu à la pénombre les pièces du rez-de-chaussée les noyant de mystère