Vaporisateurs...
...aérosols, diffuseurs, brumisateurs, atomiseurs ou encore nébuliseurs, ne cherchez ni en parfumerie ni en pharmacie pas plus qu'en droguerie, non il n'y a que des "spray".
Vous faites, madame, du lèche-vitrines, oh pardon du "shopping", en cette période de soldes, et vous êtes en quête du chemisier, ou de la blouse, ou encore du corsage ou éventuellement du caraco de vos rêves ?
Fausse route jolie Madame, il n'y a plus que des "tops".
Pour être à votre aise, mais où ai-je la tête ?, je voulais dire "relax" vous avez opté pour un survêtement, excusez-moi je pensais "jogging", c'est plus détendu, zut, je voulais dire "cool".
Et l'entreprise qui distribue le courrier au lieu de le "dispatcher", existe t'elle encore ?
L'invasion de notre langue par l'anglais de bas étage est telle que souvent le mot vernaculaire fuit devant la pression du vocable importé, je dois remettre le "reporting" au comité de direction, "sorry" je voulais dire le "board of management" et ai du mal à me rappeler que les tableaux de bord existent.
Le "dance floor" est tellement pregnant que même en français la danse se meurt de plus en plus, laminée par la "dance". Quand à la piste de danse de nos ancêtres, trop long à prononcer.
C'est curieux, jamais on n'a autant maîtrisé le temps qu'à notre époque et on n'a jamais été aussi intempérants en raccourcis.
Oui, le français est tombé en dépendance, ou en "addiction" si vous le préférez, de la soumission voulue, prônée et revendiquée à l'idiome de l'action, de l'économique de notre doxa du moment.
Tant pis pour la réflexion et pour la culture...
Bien sûr, on me rétorquera qu'une langue qui n'évolue plus est une langue morte, on ne saurait dire le contraire, je revendique de dire "week-end" parce que "fin de semaine" ne traduit pas la notion de deux jours chômés.
J'aime la porosité à effet de balancier des langues, au XVIIIe siècle le "riding-coat" des cavaliers Anglais est devenu "redingote", terme que les britanniques eux-mêmes se sont empressés d'adopter en terme de modes. l'Angleterre était la patrie des courses et la France celle de la mode.
Mais il n'y avait là aucun impérialisme d'une langue sur l'autre et nous étions loin de l'adoption d'un terme ayant son équivalent en Français.
A mon avis, là réside la limite de l'aliénation linguistique.
Si le phénomène se poursuit, il s'en suivra une cure d'amaigrissement forcée de notre pauvre vieux Larousse mis au régime "slim".
Bon j'arrête, je m'échauffe la bile sur un sujet sensible et en plus me ringardise totalement aux yeux des patrons de l'économie, fossoyeurs volontaires de notre langue, et des "fashionitas" qui ne savent plus la profondeur du double "o" grec systématiquement prononcé "ou".
Bye-Bye (mince j'ai failli dire au revoir)