Chevaux mystiques
Ces chevaux de la place des quinconces de Bordeaux représentent avec suffisamment de conviction l'idée de cheval pour qu'ils me servent d'introduction à ce billet consacré à
BARTABAS
Je suis depuis longtemps, et assidument, tous les spectacles de Bartabas, un de mes meilleurs amis, Michaël, est l'un des cavaliers-voltigeurs de cette équipe, vous pouvez constater que sa belle crinière est digne de celle de ses chevaux.
Avant-hier nous avons donc assisté à la répétition générale du dernier spectacle, Bathuta (graphie non garantie), qui sera donné à Paris en octobre après quelques semaines à Istambul.
Bartabas et sa troupe, Zingaro, ne sont pas des dresseurs de chevaux, ils établissent un pacte réel avec leur monture, les mouvements sont en symbiose et une véritable communion est perceptible.
En véritable ausculteur de l'âme, Bartabas, avec ses chevaux, nous emmène dans des voyages étranges et profonds ou pour une fois le vocable "intiatique" ne serait pas employé à tort.
Initiatique parce qu'à chaque spectacle s'ouvre un univers à part où la terre et le ciel sont liés et animés par l'esprit, qu'une infinité de vibrations d'intelligence et de sens vous transportent dans des ailleurs incontestablement existants parce que perceptibles.
L'avant dernier spectacle, Loungta, les chevaux de vent, auquel participaient de véritables bonzes, était une visite dans un monde chamanique où hommes et bêtes en dialogue constant avec le Haut établissaient des ponts exaltants entre le perçu et l'enfin perceptible.
Lors d'une ronde effrénée où les chevaux semblaient ne pas toucher le sol (chevaux de vent) et où les cavaliers portant des masques religieux se contorsionnaient comme de vrais génies immatériels on avait la quasi sensation physique d'assister aux mouvements inspirés d'un panthéon asiatique devenu universel.
Le nouveau spectacle change complètement de registre, c'est une journée dans la vie d'un campement gitan où roulottes de fortune et ustensiles de cuisine prennent des dimensions de symboles.
Une mariée aux voiles démesurés et flottants rythme au galop les phases du spectacle, une fille-fleur à vaste jupe rouge danse avec des contorsions de danseuse gaditane sur un cheval au galop, et, les cavaliers se poursuivent, s'affrontent, s'embrassent sans quitter leurs montures. Immanquablement on pense à Kusturica.
Tous les cycles de la vie se déroulent en une journée, naissance, mariage, ripailles, jeux, douches et enterrement.
Un très joli monsieur fait même un éffeuillage sur un cheval au galop...
Bartabas est un grand Monsieur et je suis fier d'être l'ami de Michaël.