Menace sur blogs...

Il y a en ce moment un essoufflement des blogs amis : Buzenval entre parenthèses, Laurent qui quitte la blogosphère nous laissant ses jolies momies de disjecta membra, Suzette J. plus radicale semble tout envoyer à la trappe et, Giorgino s'interroge.

Bien sûr je ne porte aucun jugement, cette décision (irrévocable ? On a vu souvent rejaillir le feu...) relève de la sphère de la part la  plus inaliénable de la liberté de chacun. Mais il n'empêche qu'un pincement au coeur, à chaque fermeture, jette une ombre sur votre quotient d'énergie de la journée. Sait'on de quel poids on pèse dans la vie des autres ? Non, mais ce n'est pas non plus une raison pour continuer à ramer sur des étendues vidées de leur sens et/ou de leur intérêt.

La motivation récurrente qui me chagrine le plus est celle de l'assimilation de la blogosphère (pardon pour le terme démodé) au monde du virtuel. Est'il plus virtuel de tisser des liens via un réseau de réflexions échangées que de construire son paysage social parmi les déambulateurs de la vie que le hasard ou les circonstances mettent sur notre route ? Certes, on voit leur corps et les postures parfois pitoyables de leur jeu social. Est-ce que je connais mon collègue de travail qui déjeune régulièrement avec moi et avec qui "je m'entends bien" mieux que, par exemple, Laurent-Excelsior dont le carnet de route m'a permis de connaître un esprit, une pensée sans jamais avoir vu l'enveloppe ? Pour moi Laurent est moins virtuel que le collègue pré-cité.

En ce qui concerne mon blog, je le continuerai (tant pis pour vous, na !) et ce pour diverses raisons dont en voici quelques unes :

1. Grâce au blog j'ai fait de vraies rencontres, qui me sont chères, très chères, et qui malgré l'amorce de notre rencontre ont des yeux, des mains, des narines, et tout ce que je n'ai pas vu. J'ajoute que je ne me suis pas accroché à ce médium par déficit affectif, j'ai une vie sociale riche et un champ affectif qui me comble. Mais, j'aime ouvrir des fenêtres et l'une de ces fenêtres se trouve être ce moyen que vous voyez. La marque du "goût des autres" est son caractère inextinguible et l'autorégénération de son désir.
2. Ce support m'a été salutaire (merci Giorgino d'avoir suscité l'envie et guidé mes premiers pas) pour donner forme aux mille humeurs qui quotidiennement vous assaillent et qui à défaut d'être formalisées restent au sens propre du terme "lettres mortes". Bien sûr il y a les carnets, mais que deviennent ces carnets ?
   Ah, si je vous disais les lamentables lamantins, l'âme en panne dans mes calepins...
   Mon blog me permet de donner corps aux mille bonheurs et aux dix-mille indignations qui chaque jour  m'assaillent.
   Ce support fait vivre le flux continu des pensées spontanées et qui, reflets d'un moment de la pensée, n'auraient pas place dans la construction d'un ouvrage littéraire.
3. Car justement j'ai renoué, grâce au blog, avec l'acte d'écrire ; et j'écrirai...
   Mais toi, mon blog, tu continueras à être le réceptacle de mes paysages mentaux.
   Je vous l'avais dit, on ne se débarrasse pas aussi facilement de moi.

Bien sûr, il y a toutes nos affèteries narcissiques, nos auto-circum-congratulations, nos craintes de ne pas être visités par ceux dont on attend la visite... Mais cela est' il inhérent exclusivement au blog ? Nous savons tous que non, le blog ne nous façonne pas, il est l'expression de ce que nous sommes.

P.S. Il n'est pas dit que je ne revienne pas sur ce sujet, vos remarques m'aideront en cela.

Comments

[jeanne]

mais qui arriverait
et chacun y trouve, prend de l'amitié
du bonheur, du soutien

oui continue

je t'embrasse

[Marie]

Pas de papillons en boîte dans ces tiroirs ... et tant de (bons) souvenirs !

[Henri-Pierre]

@ Marie : Nous ne sommes pas des comédiens, nous qui nous lisons régulièrement, parce que je pense que nous avons un lien qui nous a rapprochés : la sensibilité et la pudeur.
Et qu'en cela nous sommes frères.

[Marie]

Une réflexion toujours d'actualité, que représentons-nous auprès de nos lecteurs réguliers, comment les percevons-nous et qu'attendons-nous ou non de ces échanges enrichissants. La vie est un immense théâtre où tous les acteurs ne sont pas comédiens pour autant ...

[Laurent]

Hello Henri-Pierre !

Non non, je n'ai pas disparu : j'étais en vacances et je n'avais pas accès à internet... J'ai bien vu ton commentaire mais le système antispam de mabulle a bloqué ton adresse mail. Pour éviter çà, il faut écrire "arobase" en toutes lettres.
Voici la mienne : laurentdesaintphalier(arobase)gmail.com
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