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Le blog de HP
24 novembre 2010

Le temps de vivre ; le temps d'exister

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"J'irai comme un cheval fou" ainsi titrai-je mon dernier billet, le 9 septembre, il y a 75 jours...

Le cheval fou, après une escapade dans le Sud-Ouest, a rongé son frein, a marqué un coup d'arrêt.
Après l'échappée belle, et de retour à Charmes, un accident domestique a cloué mon parèdre aux multiples fractures au sol, ou plus exactement sur un lit de douleur.
Le cheval fou a déployé ses fièvres d'impatience et son énergie en tâches domestiques et soins ; les voyages prévus à Marrakech et à Madrid sont passés à la trappe des rêves inaccomplis et le quotidien a absorbé ses heures en automatismes mécaniques.
Dans cette agitation le temps d'exister s'est fait rare, et, ce retrait de mon blog et cette absence d'incursions en ceux de mes amis aura été l'un de mes regrets majeurs.

Véritable habit d'Arlequin, les bouts de vie mis bout à bout dans ce billet du retour, vont s'essayer à tisser le manteau disparate de cette période cahotique.

Morceaux choisis d'une balade dans le Sud-Ouest :

Il ne s'agit pas là d'un itinéraire raisonné, j'ai, pour écrire cette relation, laissé les souvenirs m'assaillir, se bousculer en moi, m'envahir de mille vibrations et émotions qui viennent danser en mon esprit lors des longues séances de repassage (d'heureux passages comme dirait l'ami Jean-X)  ou d'élaborations culinaires.

Première escale à Pujols, la ville dont ma soeur est le maire, et qui était secouée par un scandale : la "journée portes ouvertes" ayant été prétexte à des expositions dans les monuments historiques, une artiste latino-américaine a exposé dans l'église d'un village voisin un travail photographique de femmes armées, mais d'armes- fleurs pour dénoncer la violence. L'indignation de quelques dames patronesses absolument hermétiques au message a été si vive que même la presse nationale s'en est mêlée. Tempête dans une très grande tasse de thé.
Mais les cieux du gros bourg au milieu des vignobles sont toujours aussi beaux et l'accueil familial aussi tendrement affectueux.

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Par ailleurs, et au fil de nos pérégrinations, en cette journée où s'ouvrent les lieux chargés d'histoire, nous découvrons surtout de petites églises qui, par peur des vols, sont la plupart du temps fermées en dehors des heures de culte. Je dois rendre hommage aux diverses associations qui, organisant concerts ou expositions, participent avec succès à la sauvegarde des monuments.
La belle collégiale Notre-Dame d'Uzeste, aux sculptures défigurées au sens propre lors des guerres de religion offre, une fois franchi son porche dont les voussures gardent encore des traces de polychromie, de belles perspectives où le roman cède peu à peu sous l'impulsion du gothique triomphant et le gisant de Jean de Got devenu pape sous le nom de Clément V.
Le visage martelé repose sur un brocart précieux aux motifs compliqués, certainement venu d'Orient et que le burin du sculpteur a rendu avec une délicate virtuosité.
A Insos, minuscule village de la forêt Landaise le clocher plat dit avec une fausse humilité sa différence.

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En Béarn, dans la vallée d'Aspe, niché au creux des montagnes, le petit village d'Escot est le berceau familial de ma grand'mère maternelle, je me fais reconnaître par la première et aimable habitante rencontrée et le vieux temps est évoqué avec gourmandise : scènes dont, enfant, elle fut témoin, souvenirs de ses parents enrichis de cet héritage oral d'une époque, somme toute pas si lointaine, où les histoires se racontaient lors des veillées familiales ou des séances de lavoirs, temples de toutes les médisances.
Je suis étonné de l'organisation sociale fort permissive induite par l'endogamie dans ce village cloisonné en sa vallée et où des dynasties d'enfants "illégitimes" se suivaient sans aucune réprobation sociale, contrairement aux habitats de plaine où la circulation plus aisée jettait l'opprobre sur les "bâtards". Nécessité oblige, il y a toujours un lien de parenté plus ou moins proche, plus ou moins de la main droite ou gauche.
La répétition du même prénom dans la même fratrie rend la recherche généalogique assez acrobatique.
Je pose avec fierté devant le panneau indicateur du village avant de repartir dans la vallée où, à Sarrance, est toujours en monstrance une statue de Vierge qui, selon la légende locale, fut trouvée dans le gave et emmenée je ne sais plus où. Eh bien la statue n'entendant pas subir le statut d'expatriée (pressentait-elle le charmant Brice Hortefeux ? ) s'en revint miraculeusement en son lieu d'origine où elle est toujours vénérée.
Passé le col de la Marie-Blanque où chevaux et vaches s'estompent sous une brume toujours menaçante, la petite cité de Bielle nous étonne toujours par la profusion secrète de ses joyaux d'architecture, maisons médiévales et Renaissance et magnifique église où rutilent les ors des rétables sous l'austérité nue des voûtes ogivales. Cependant le ménage ne doit pas être la préoccupation majeure des intendants de l'édifice, pour preuve ce saint baroque voilé comme une odalisque par l'industrie des araignées.

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A Oloron-Sainte-Marie, accueillis par Roger le méditatif et Jeannine la pétulante, mon oncle et ma tante, la beauté de la ville me saisit toujours, le site magnifique, bien que connu et parcouru maintes et maintes fois, est toujours aussi bouleversant , la petite ville sort un peu de sa torpeur et une ancienne usine désaffectée est transformée en une médiathèque que bien des villes beaucoup plus importantes pourraient lui envier. Je retrouve l'appartement familial au deuxième étage de cet immeuble bâti à flanc de gave, je pose encore au lieu dit "Les Angles" où ma mère Henriette connut Crescent, mon père, alors réfugié politique Espagnol. la rencontre fut dit-on favorisée par l'entremise espiègle du jeune frère Roger ci-dessus évoqué et aujourd'hui général en retraite.

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Avant de partir vers Pau la ville balcon déja évoquée ici, je garde la douceur ineffable des souvenirs liés à cette ville des confluents où ja passai, dans ma vie vagabonde, du statut d'enfant à celui d'adolescent. Je me vois encore, adolescent cravaté suivant mes parents dans les rues de la ville, ma petite soeur Colette arborant sa blondeur mousseuse donnant une main à chacun d'eux. Je rêvai déja de quitter ce que je ressentais alors comme un étouffoir barré de montagnes...

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Bordeaux, après des années et des années de travaux, a fini par s'installer dans son nouvel équilibre urbain, le résultat est magnifique, l'église Saint-Éloi fermée depuis de longues années, car menaçant ruine, est de nouveau ouverte dans sa nouvelle fraîcheur retrouvée de son gothique finissant et rendue au culte traditionnaliste.
Les quais, débarrassés des constructions de hangars désormais inutiles,  ne sont plus que successions de plans d'eau et de jardins où les amoureux s'ennivrent de leur reflet et où les promeneurs deviennent fantômes lorsque se déclenchent les brumes venues du sol.

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Mérignac est toujours un passage délicat, ce fut la dernière demeure d'Henriette, le ciel, le même qu'elle aimait contempler dans ses caprices de terres océanes, me semble toujours porter son souffle, Paul le fidèle compagnon des dernières années qu'il sut lui rendre si douces se fait un point d'honneur à nous mitonner des plats que nous partageons chez lui, près du bahut devenu un vrai autel fleuri consacré à celle qu'il nomme toujours "la Reine-Mère".
Chez ma soeur quelques vestiges d'Elle, comme ce guéridon et ce miroir baroque, me parlent toujours de son infinie tendresse.

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Des départs, il y en eût beaucoup depuis quelques mois, je reviendrai ici rendre hommage à ces fugitifs de mon paysage affectif, mais pour l'heure je préfère rester sur une note d'espoir incarnée par Angel mon petit elfe doré et adoré qui chevauche déja Sirocco avec une maestria stupéfiante. chez mon neveu de Tours qui, dit-on, me ressemble, une petite Kalissia est tendrement bercée par les bras de son musicien de père.
Un détour par Barsac me fait partager quelques heures privilégiées avec Adèle, ma filleule qui grandit et minaude en habits de "princesse", ravie de se trouver entre parrain et marraine pour une fois réunis.

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Un retour et ses aléas :

Charmes en automne offrait les trésors de ses fruits, juché sur un escabeau, Charles le jardinier qui taquinait la quetsche tomba inopinément, sa chute se soldant par plusieurs fractures des côtes et de la cheville.
J'ai vengé la méchanceté des fruits les transformant en tartes et autres compotes ; la boule de cristal ayant été muette au sujet de la tragédie, je décide de retourner à la foi de mes ancêtres.

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Il a bien fallu retourner à Paris, la vie en appartement restant plus commode en ces circonstances ; c'est cependant avec un pincement au coeur que nous quittons Charmes abandonnant nos pauvres chiens, sans savoir jusqu'à quand, au soin des gardiens. Heureusement des images de cet automne flamboyant sont là qui nous disent l'infinie poésie des lieux.
Déja les aurores ressemblent à des couchants, la saison avance ;  il neige aujourd'hui là-bas dit-on, ces images, les dernières capturées, sont déja caduques.

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Commentaires
H
Merci Jojo, l'invitation est tout à fait alléchante et à moins d'être un monstre on ne saurait s'y dérober ;-)
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J
Je doute fort que vous vous rencontriez un jour à Pujols dans la mesure où le Pujols d'Henri se trouve en Gironde sur les rives de la Dordogne, près de Castillon-la-Bataille et celui d'Eva sur les rives du Lot, près de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).<br /> Mais si vos chemins se croisent sous le porche de la petite église d'Insos, passez boire une verre à la maison. Y'a toujours un peu de garbure, de foie gras et de confit de canard au cas où...
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H
@ Eva : merci du compliment et peut-être nos chemins se croiseront un jour à Pujols...<br /> En tout cas vous êtes toujours la bienvenue ici.
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E
Je connais un peu Pujols (je séjourne souvent à Fumel qui n'est pas très loin).<br /> J'adore la photo sepia, qui ressemble à celles prises autrefois par les "photographes de rue" au moment des fêtes locales.<br /> Enfin, quel plaisir de lire un texte bien écrit...
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H
@ Sophie : je te sens mûre pour le couvent...
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