Livre précieux, livre témoin
Hier, à dîner, J-P B nous a honoré de sa présence et comblés de ce présent.
La carrière de J-P s'est déroulée dans la cadre des Affaires Culturelles, et à Zagreb en particulier où il a dirigé, en pleine guerre, l'Institut Français.
C'est en cette période troublée et secouée des spasmes qui mirent à feu et à sang l'Europe de l'Est que fut édité ce livre, véritable miracle incongru dans ce contexte de haines et de passions.
Sur fond de déflagrations, il y avait à Zagreb, une présence culturelle qui, se penchant sur les manifestations baroques de la culture Croate, témoignait d'une dimension humaine dans l'abomination.
Un sourire d'Ange dans l'enfer.
Le maigre tirage d'une grande qualité artistique est depuis longtemps épuisé et cette transmission n'en a que plus de valeur ; le délicieux humaniste m'assure aussi qu'au sortir de la presse le livre était imprégné de fragrances d'encens pour accompagner les illustrations de la sensation olfactive qui règne dans les églises, écrins de toutes ces beautés.
Le parfum fugace est évanoui ; avec beaucoup d'insistance et une bonne dose de foi, je crois que mon nez a su capter encore quelques traces des effluves.
Baudelaire et les correspondances des sens vivent donc toujours dans l'esprit Français lorsqu'il se donne enfin la peine de se manifester.
Mais, il y a de cela trois ou quatre ans l'Institut Français de Zagreb a été,comme tant d'autres, supprimé.
Pourquoi la droite qui maintient et soutient sa présence militaire à l'étranger se soucie-t'elle si peu du rayonnement culturel de la France ?
Pendant ce temps l'Anglais continue à asphyxier les autres parlers. Et nous sommes complices...