Pensées du jour...
...et de la nuit.
Nuit
Au cours d'une des dernières insomnies un message très clair est parvenu jusqu'aux limbes nyctalopes de mon cerveau :
" Tous les destins sont exceptionnels, puisqu'ils sont tous uniques".
La chose me semble évidente et je suis étonné qu'elle ne se soit pas imposé plus tôt à mon esprit ; certes il s'agit là d'un truisme, mais soyons modestes, parfois seule la clarté immédiate d'un presque lieu commun donne aux choses leur exacte dimension.
De ce fait j'ai ressenti une formidable empathie pour tous les itinéraires terrestres, toutes les tribulations de vies qui, de l'effroyable abandon des eaux placentaires au glissement ou à la chute dans le néant, ont tissé d'émotions diverses le cours inexorable des jours, des ans, des siècles qui se succèdent.
Je me suis senti frère de l'humanité.
Destins cassés des pas-de-chance, destins délavés des ennuis conformistes, destins trépidants de ceux qui font tinter le hochet de leurs agitations comme signe de vie.
Destins "réussis" de ceux qui se sont compromis, destins "manqués" de ceux qui se sont oubliés pour les autres, infernale inversion sociale qui transmute le bien en mal et vice versa.
Destins dépassés et sublimés par les poètes qui érigent au rang de geste et de légende la vendetta provinciale des Atrides et le pénible passage des Pyrénées par un Roland aux abois.
Destins lumineux des grands mystiques ou autres penseurs, phares des civilisations de la terre. Destins obscurs mais où l'accomplissement du devoir donne une dimension certainement plus vaste que les destins des "capitaines d'industrie" qui, par leur folle et enviée course au fric, donnent à notre époque les couleurs du règne du Veau d'Or.
Lumière de l'humilité, miroir aux alouettes de la vanité. La vraie richesse trouve la place qui lui revient.
Savoir rompre les cadres imposés, être rebelle, cultiver son indignation.
Jour
Un déjeuner en plein air à Charmes, un charmant jeune homme, marié, crée la surprise en déclarant :
" La vie de couple est l'apprentissage de la mauvaise foi au quotidien"
Son parèdre n'a pas contredit.
Je laisse la phrase à l'appréciation du lecteur.
Nuit et jour
Maintenant, pour lutter contre l'émollient effet des vacances sur les méninges, un devinette :
J'ai la mèche blonde ravageuse de David Bowie dans Furyo,
J'ai le padding implacable du tailleur-pantalon" (beurk) de la cadresse de choc qui refoule sa féminité pour asseoir son autorité.
j'ai par dessus mon tailleur-pantalon (re beurk) jeté négligeamment la petite étole de soie de lesbienne post-moderne qui revendique sa part de féminité.
J'ai le regard vide et fixe auquel j'essaie de donner une expression de clarté directe grâce au carré impitoyable de mes lunettes.
J'ai le discours vide et martelé des convictions apprises et assénées.
Je masque ma raideur naturelle par un talon décidé quasiment militaire.
Je me demande si je ne suis pas frigide mais me console en me disant que mes obligations ne me laissent pas le temps de procéder à la vérification.
Qui suis-je ?
Langue au chat ?
eh bien MAM, l'ineffable MAM bien sûr.