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Le blog de HP
4 janvier 2006

A la rencontre...

... du temps retrouvé.

Perception comateuse à travers un cerveau embrumé, incapacité de se concentrer ; l'esprit bat des tempos cotonneux et se met à vagabonder sans qu'aucune idée précise ne parvienne jusqu'à lui.
Etat fébrile, yeux obliques et brillants, le corps en même temps lourd et en apesanteur, c'est le tribut payé au temps d'hiver et à ses capricieuses variations climatiques;

Alors je suis chez moi, allongé, le livre en cours a glissé des mains et je me laisse aller à la torpeur de cet état languide.

Soudain, je me revois enfant, dans cette grande maison provinciale. C'est l'automne, les arbres sont balancés par les vents si doux du Sud-Ouest, le soleil déclinant tamise ses rayons au gré des pasages nuageux.

Je suis au lit, dans ma chambre du premier étage, mes soeurs sont en classe, je suis seul sous la garde de maman. J'ai maman pour moi tout seul, vous vous rendez compte ?

Je laisse mes sensations émoussées se prélasser sur le duvet de mes faiblesses, et j'attends...

j'attends que maman vienne...

J'entends le bruissement de sa robe d'intérieur, je vois déja, avant qu'elle ne s'encadre sur la porte de ma chambre cette robe d'un vert céladon très doux d'un tissu au nom qui me faisait rêver : du shantoung... Sa démarche furtive et pressée se précise, je sais qu'elle est chaussée de ses petites mules à talon légèrement compensé d'un ton semblable à celui de son vêtement.
La porte s'ouvre doucement, ma chambre est envahie de ce parfum si doux des femmes de naguère ; qui se rappelle la fragrance "Soir de Paris" ? Quelle merveille si éloignée des vulgarités de nos senteurs indiscrètes à l'américaine. Et l'odeur de la poudre de riz ?

Je ferme les yeux, tout à l'attente de cette main si délicate et fraîche qui va se poser sur mon front. Oh, elle est là cette main à laquelle je voudrais donner tant de fièvre ; et, j'ouvre les yeux : sous ce regard vert pailleté d'or si particulier s'épanouit ce sourire qui n'est qu'à elle, ce sourire de maman. De ma maman.

Elle est repartie, et pendant que ses pas s'éloignent je lève les yeux vers ma fenêtre : une feuille rousse s'est accrochée à une toile d'araignée, elle danse mollement et sans cesse la ronde des émotions enfantines.

Là, ce mercredi 4 janvier 2005, je ferme les yeux encore et retiens le plus possible cette fugace pérennité au goût doux-amers des paradis perdus.

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Commentaires
H
@ Claire : pressentai-je que quatre ans plus tard elle me quitterait ?<br /> Je suis très ému que ce billet, relation d'un souvenir qui me hante encore et toujours, ait ete si bien ressenti par toi.
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C
alors là tu as pris un risque ENORME !... un thème magistralement traité par Proust ;o)) et... tu es bouleversant ! Je me régale de te lire en ce jour pluvieux, où l'effervescence du week end commence à retomber...
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H
Parce que comme moi tu as tcete part d'enfance éternelle qui sait que le temps ne se rattrappe pas...<br /> raison de plus pour savourer tant qu'il en est encore temps ce que la vie nous offre
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G
Pourquoi la lecture de ce souvenir m'émeut autant ? Pourquoi une larme vient-elle me surprendre en roulant le long de ma joue ?
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H
@Buzenval :<br /> Je suis bien sensible à ton commentaire.<br /> Quant à mon temps de travail j'ai une grande souplesse, mon activité se déroule depuis quelques années à la maison.<br /> @Sophie :<br /> Tu sais Sophie, les êtres changent et les souvenirs d'enfance embellissent pour aussi grande que soit ton exigence d'objectivité.
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