Elle est là...
Eh oui, feutrée et lancinante, molle et imparable, doucereuse et impitoyable, elle est enfin venue me voir à la campagne. Ce matin, de ma fenêtre, j'ai vu l'étang isolé dans sa ceinture candide; les arbres tristement magnifiés par une nouvelle floraison d'un printemps contre-nature émergent d'un néant caressant et traître. Les pas des vies d'hier sont effacés, ceux du petit matin s'estompent et ceux qui se forment à peine s'émoussent de leur disparition prochaine.
Quelle prédratrice, la neige... Elle éloigne ceux qui obéissent aux diktats de la diaspora des pistes montagneuses. Elle ne vous rend pas ceux qui ont succombé à ses mirages. Séductrice et fatale. Eclatante sous le soleil et abyssale dès que le soir tombe.
Traîtresse et dangereuse que la neige est indiciblement belle !
Je suis rentré sur Paris et peu à peu, le lancinant floconnement s'est mué en grisaille désolante.
Aurions nous la nostalgie du danger pour peu que ses attraits soient vénéneuse poésie ?