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Le blog de HP
14 mars 2014

L'hiver verse en printemps, humbles beautés

Le printemps n'est encore pas là mais l'hiver n'est plus déjà ; les premiers jours de ce mois de mars ont surpris par leur rébellion éclatante contre les longues semaines où ondées et brumes ont brouillé les horizons et étouffé tout espoir de renouveau.
Et là, ce matin, irisée de rosée et frémissante de lumières tremblantes, la terre secoue ses torpeurs et s'épanouit en sourires de début de monde.

14 mars 2014 (7)

Signe du basculement vers la belle saison, la grande chambre d'angle, trop froide pour être habitée en hiver, a ouvert ses rideaux sur la scène des cycles nouveaux ; en reflexe pavlovien, Le matin de Peer Gynt s'impose à mon esprit, et c'est fredonnant l'air immémorial, que je repousse les persiennes ; elles ne seront refermées qu'avec le retour de la froidure. dans longtemps, très longtemps...
La chambre des iris, moins souvent habitée désormais, redeviendra la pièce à vocations multiples de camp retranché des repos, de refuge de l'intimité lorsque le besoin vient de s'abstraire du quotidien pour lire, rêver ou reprendre possession de soi ; orientée à l'est, elle se pare de lueurs ocres rosés dès que les premiers rayons s'immiscent entre les tentures tirées, c'est à dire très tôt. Qu'il est bon alors de suivre les caresses fugaces que dispense le soleil aux objets familiers au fur et à mesure qu'il tourne autour de l'axe de la fenêtre comme une mère de famille aimante qui réveillerait d'un baiser léger chacun de ses enfants.
Descendu au rez-de-chaussée, je me réjouis du grand coup de langue dont l'astre, qui assoit désormais son empire, gratifie le petit salon. C'est d'ailleurs dans cette pièce que les restes de sommeil s'effaceront devant la vigueur roborative d'un café noir.
Je peux désormais sortir pour libérer les chiens qui commencent, dans leur enclos, à japper d'impatience et, une fois leurs marques d'amour fou et sonore calmées, entreprendre avec eux la rituelle promenade des matins de beau temps.

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Souverain, le disque solaire, le perron aussitôt franchi, affirme sans conteste son règne, tout lui est soumis qui baigne dans sa gloire, à cette heure pas la moindre petite bise ne vient rafraîchir sa tiédeur printanière ; dépuoillés encore, les arbres ont l'air presque incongrus dans leur nudité, encore que quelques légers soupçons de vert flottant disent qu'ils songent enfin à se vêtir.

14 mars 2014 (5)

Chitan et Donuts, freinés dans leur impatience par un rappel à l'ordre, marquent une pause avant de courir vers notre rivière, le Blaiseron, où ils se désaltèreront longuement. Obéissants mais pas vraiment soumis ; ils ont du caractère mes "gosses".
Les deux coqs, flanqués de leur harem, viennent eux aussi d'être libérés et commencent leur si important travail de picorage et grattage comme si leur vie en dépendait, tiens justement, en parlant de vie, deux mâles dans une même basse cour, surtout aussi exigue ne sont pas possibles, le "vieux" roux d'un an et demi flanque des peignées mémorables au jeune si joliment moucheté de cendre et de noir pour lui rappeler qui est ici le maître, il faudra se décider à en abattre un et ça je ne m'y ferai jamais, je laisserai lâchement  la décision à d'autres moins sensibles tout en priant in petto que quelqu'âme bienvenue ne veuille l'adopter.
Présent d'un printemps annoncé, trois lapereaux de velours nous sont venus, Grisette et Blanchon sont fiers de leur progéniture de moins en moins farouche et ce petit charmant que vous voyez ici fait la grâce à qui le caresse de petites léchouilles, comme le ferait un chat mais en moins râpeux ; eux ne finiront pas en gibelotte ou à la moutarde, trop petits pour la casserole encore qu'un peu grandets pour des nains. Je commence à faire leur promotion en tant qu'animaux de compagnie ; personne n'est intéressé ? on ne demande en retour que l'engagement à leur faire la vie douce.

14 mars 2014 (26)14 mars 2014 (21)14 mars 2014 (17)

Nous poursuivons notre déambulation sans but autre que de goûter un temps d'abandon aux choses ; un petit retour en arrière a pour but de vérifier dans la serre si les jeunes pousses d'épinards pourront bientôt garnir nos assiettes en savoureuses salades.
Retour vers le Pavillon des T où, hier, la sarabande du balai et du chiffon à poussière a rendu la réouverture possible ; je m'y octroierais bien une petite halte histoire de faire reprendre à mes yeux possession de chaque objet, mais la tiédeur du dehors n'a pas encore investi l'en dedans, attendons donc que les carreaux des fenêtres, chauffés, rendent les lieux plus accueillants.
Flanqué de mes deux compagnons qui, ivres de senteurs, donnent un travail sans relâche à leur truffe palpitante, je remonte la langue de terre entre rivière et étang, les eaux frémissent des trajectoires des carpes qui depuis deux semaines reprennent leurs déambulations de ruminants d'eaux douces. La période de chasse est enfin passée et je me promets, demain, si le temps le permet toujours, de pousser la promenade vers des horizons plus lointains sans risquer un plomb perdu, je constate, sous la voûte de buis, que, profitant de notre absence, certains chasseurs, dans leur quête mortifères ignorent le respect dû aux propriétés privés ; j'aimerais tellement que Charmes soit un sanctuaire de la vie animale...

14 mars 2014 (24)14 mars 2014 (28)14 mars 2014 (38)

Et partout au sol, humbles et éclatantes, les fleurs dites sauvages qui sont des cadeaux de la nature, ainsi que certaines espèces cultivées, mêlent leurs accords en chants de grâces au temps des bonheurs simples.

14 mars 2014 (11)

Tenaces, les résédas de la serre reviennent fidèlement nous exaspérer les sens de leur parfum si particulier tout à la fois délicat et entêtant, c'est là une de ces fleurs, comme les nards et autres tubéreuses ou encore les fleurs d'oranger ou les jasmins, dont on aimerait se noyer dans la senteur jusqu'à cette ivresse totale aux frontières de l'écoeurement.
Au coeur du faisceau des pétioles des jeunes feuilles de rhubarbe, des protubérances aux rougeoiements de viscère annoncent les futures hampes aux inflorescences nivéennes. Le temps des tartes et des confitures délicieusement aigres s'annonce.
Aux abords du verger-potager, les chatons tremblants et les forsythia en début de floraison donnent animation et couleurs aux espaces encore nus.

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Sous l'ombre de "l'épine royale", les derniers perce-neiges font de la résistance, ils ont partout ailleurs cédé la place aux anémones sylvestres tout aussi nivéennes mais, qui plus altières, vous regardent hardiment sans comme ses prédécesseurs, fixer le sol avec des modesties de jeune fille "comme il faut".
Au pied du noyer penché comme un Narcisse sur le miroir de l'eau, la délicate palette des des primevères, violettes et ficaires dessine un tapis à la douce polychromie sur lequel, nul, même elfe, ne s'aviserait à poser le pied.

14 mars 2014 (48)14 mars 2014 (46)14 mars 2014 (31)

Nous ne brûlerons pas de si tôt le tas de branchages et d'herbes fruit du gros travail de nettoyage de la petite île sur l'étang, les canards, de plus en plus bruyants, croisent aux alentours au petit jour et le soir venu, ils ne tarderont pas à nidifier et il est hors de question qu'on les dérange.

14 mars 2014 (33)

Les saules pleureurs sont les premiers des arbres à se parer de feuilles, leurs branches amoureuses  de l'eau qu'elles effleurent suavement forment un rideau semblable à ceux de perles de bois qui permettent, dans nos provinces, de garder les portes d'entrée ouvertes les jours de grande chaleur tout en préservant l'intimité de ses intérieurs.
Le vert éclatant des feuilles de nénuphar s'apprête à affleurer à la surface de l'eau, il éclipse par sa vivacité la terne couleur brique sale des nymphéas, mais ces derniers sauront bien prendre leur revanche en étalant dès juin la somptuosité de leurs coupes de porcelaine à la barbe des ridicules gros renoncules de leurs voisins.

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Dans le potager, en prévision des futures semailles, le passionné de jardin, qui n'est pas moi, travaille la terre avec opiniâtreté, j'entends d'ailleurs en ce jour qui commence à tomber le bruit du moteur du motoculteur qui, porté par le vent du soir qui se lève, parvient jusqu'à la maison.
Promesses certainement tenues si les conditions climatiques sont à la hauteur du labeur...

14 mars 2014 (15)

 

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Commentaires
H
@ Pierrette : Oui, ce jour viendra, n'en doutons point ; et je m'en réjouis d'avance.
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¨
Cher Henri-Pierre, une jour viendra où je découvrirai avec toi le charme de Charmes!!! Je ne sais en quelle saison, en quel moment!! Mais peu importe quand, je sais que ce jour viendra!!! Alors, nous flânerons dans ton domaine secret et je découvrirais avec toi les arbres, les fleurs, le potager, la véranda, le jardin d'hiver, la maison et ses souvenirs, les joies d'un repas partagé et les plaisirs de la conversation en toute simplicité et la vieille Mercédès!!! Et nous rirons ensemble des petits plaisirs des jours!!! A bientôt ami. Pierrette
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H
@ Chantal d'Albe : Oui, tu as raison, la renaissance est toujours porteuse d'espérances, on a toujours la même candeur lorsque se présentent des "débuts", alors on se prend à croire, à croire, jusqu'à ce que la vie remette les rêves sur les rails de la normalité.<br /> <br /> Tu sais, tes balades Castillanes sont très belles aussi. Les lieux comptent peu en regard des... regards.<br /> <br /> Besos para ti amiga mia
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H
@ Eva : Il y a une quinzaine d'années personne n'aurait misé sur mon amour de la campagne, alors tu vois...<br /> <br /> Tu as bien saisi que pour moi, habiter c'est se situer dans un continuum
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H
@ Brigitte : Merci de ces mots sensible tu es toujours la bienvenue en ces terres pas si virtuelles que ça. Dans les "vraies" aussi ;)
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