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Le blog de HP
6 août 2013

Le vol du bourdon

03 août 2013 (5)

« Bourdon », mot toujours dégusté avec bonheur ; deux syllabes, la première lourde comme la terre et la deuxième vibrante comme un son de cloche qui s’évanouit dans l’air, d’ailleurs n’est-il pas des cloches nommées bourdons ?
Un mot qui relie terre et air, pesant et vibrionnant, et... de la glaise au ciel
Mot rassurant comme ce point ourlant le rabat des draps en lin brodés par nos grand’mères, mot de terroir, âpre et confortable comme justement ces draps anciens que l’on déplie parfois d’une armoire pour le seul plaisir de ce contact rêche juste ce qu’il faut pour savourer la matière gardienne des souvenirs d’enfance.
Mot qui dépeint si bien la poignante impression qui naît de la contemplation d'un trop de beauté sereine dont l’intensité est trop forte pour nos sens.
« J’ai le bourdon », étrange sentiment  de bonheur douloureux né du don d’une fleur, d’un reflet de la rivière ou de la fébrilité laborieuse de ce bourdon entre chardon et azur.

« Midi roi des étés épandu sur la plaine… », ce simple vers de Leconte de Lisle commentait sur une plaquette de cuivre repoussé l’image d’ une déesse robuste et sereine se profilant sur un fond de champs de blés ; je fis don de l’objet à un ami, je ne sais plus lequel, il y a si longtemps ; mais , obstiné, l’objet chante toujours en ma tête le bonheur du bel été.

Quoi qu’il en soit, malgré les cassandre qui, après six novembres successifs nous promettaient le même régime sans soleil pour l’été, juillet et ce début d’août nous ont remis en bouche la saveur inespérée de nos grandes vacances d’antan.
Ici, en Haute-Marne, nous avons pu prolonger nos journées de dîners au jardin sans l’indispensable « petite laine » habituellement nécessaire même au cœur de l’été dès que le soleil disparaît derrière la ligne de feuillage des forêts

 02 août 2013 (4)

En ce matin déjà chaud la minuscule commune de Charmes-en-l’Angle s’apprête à se laisser gagner par la torpeur méridienne, les vaches mettent à profit les restes de fraîcheur de la nuit pour brouter méthodiquement avant que de s’abandonner, languides et vaguement lascives, lorsque l’astre aura atteint le mitan de son parcours.
La prairie devant la grande maison orne de touches rousses le vert de son manteau et les chiens, leur instinct de chasseurs toujours en éveil, oublient la lourdeur de l’air pour tenter de régler leur compte aux taupes.

1e août 13 (1)

1e août 13 (2)

1e août 13

Flâneries en lisière de forêt, la terre gorgée des eaux généreusement dispensées par les intempéries récentes, se craquelle en surface sous l'effet de la chaleur, croûte desséchée sur un coeur toujours humide.

 03 août 2013 (13)

La végétation, elle, sous ces moiteurs étouffantes quasiment tropicales, s’épanouit dans un délire luxuriant, les chardons commencent à perdre, par cercles concentriques, le bleu dont les couronnent leurs minuscules campanules, des baies aux séductions dangereuses, elles sont me dit-on toxiques, s’emperlent de rubis aux profondes brillances et les feuillages vernissés semblent offrir au monde du caché le masque complice du mystère des jungles coloniales des livres d’aventure de nos adolescences

03 août 2013 (7)

03 août 2013 (18)

03 août 2013 (10)

 Le soir tombé, profitant de la fin des grosses chaleurs, les agriculteurs se livrent à l’occupation de saison : la moisson.

05 août 2013 (11)

 La route en lacets entre Cirey-sur-Blaise et Charmes-en-l’Angle serpente au milieu d’une campagne vallonnée dont le spectacle ne  lasse jamais ; dans un paysage quasiment préalpin où la forêt est toujours présente, n'ayant consenti à se laisser défricher que pour mieux enserrer les cultures dans un étau de verdure où chevreuils et sangliers partagent le territoire avec renards et chats sauvages, comme si un pacte entre le sauvage et la prise de possession par l’homme avait trouvé là son point d’équilibre.
Les grosses machines au loin disparaissent sous le nuage de poussière qu’elles soulèvent, les meules, rondes parfois ou, comme ici, rectangulaires, donnent au paysage des aspects de ruines incas.
Le soir s’annonce ; comme un souvenir des angélus d’avant  une paix irisée descend sur la terre, les panneaux de signalisation, dieux lares protecteurs qui jalonnent nos routes, disent la nouvelle religion du culte de la vitesse.

05 août 2013 (3)

05 août 2013 (8)

05 août 2013 (5)

Dans nos futurs souvenirs ce sera, j'en suis certain, un bel été…

 

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Commentaires
H
@ Jamila : Gracias de pasearte por aqui mi estrellita, me alegro darte un poco de felicidad. Besos.
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J
Tu blog es un momento de felicidad y belleza.......GRACIAS...<br /> <br /> <br /> <br /> Estrellita..
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J
Tu blog es un momento de felicidad y belleza.......GRACIAS...<br /> <br /> <br /> <br /> Estrellita..
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H
@ Pierrette : Les étés ma chère amie font leur chemin dans nos mémoires et nos entendements à leur façon. Vous ne déraillez pas, loin de là, vous dites et fort bien vos bourdons. Merci.
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¨
A chacun sa mémoire. Vous c'est le bourdon des églises d'antan. Moi, c'est le schofar qui envoyait son son rauque dans les schtetls au moment des fêtes et les draps de toile rêche et les lits étroits aux matelas de paille et les chants yiddish et l'exil forcée des populations loin des villages qui les abritaient pour se retrouver sur une terre qui craquelait dans la chaleur et le froid. Mais qu'est-ce que je viens raconter ici sur ce récit emplis de douceur estivale? Je déraille mais l'été est toujours pour moi une période compliquée!!!! Alors, je vais être l'abeille légère qui butine vos soleils, vos fleurs et vos champs. Je vais être, pourquoi pas, la baie rouge et sanglante et bonne à cueillir, la mûre ou la framboise sauvage et je serai aussi le chant des oiseaux et les rires de l'amitié. Et je rêverai encore et encore aux contes d'été et au fleuve des ivresses de amours juvéniles. Je vous embrasse avec toute ma tendresse. Pierrette
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