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Le blog de HP
18 mars 2013

Intermittences d'un hiver

Un hiver qui souffle le chaud et le froid, un hiver où le temps qu'il fait affole le temps qui passe, un hiver tout en contrastes, un hiver particulier.

Après une douceur prometteuse, selon le dicton, de Pâques aux tisons, un hiver virtuose jongleur au-dessus et au-dessous des dites "normes saisonnières" a fait bouger ses décors de scène sans autre ordre apparent que celui des caprices d'un deus ex-machina.
Je vous invite, du point fixe de mon cher Charmes, de suivre ces variations hors raison en trois tableaux.

Levée de rideau en ce 19 janvier, la neige souveraine floconne en éblouissements feutrés, gaine les branches et étend sur le lit du gazon le linceuil étouffant de sa blancheur douce et traîtresse.

19 janvier 2013 (27)

  

Le jour se lève à peine que les yeux encore pleins de sommeil clignent sous l'agression de l'éblouissement coruscant et blafard qui naît d'entre les rideaux de ce théâtre dans le théâtre de la fenêtre de la bibliothèque. Dans l'attente du premier café, la douceur quiète et colorée de la pièce rassure.

Plus tard, une promenade au bord d'une forêt dans laquelle on n'ose pas aller plus avant compte tenu des détonations dissuasives des chasseurs, un paysage de carte postale, ou presque s'il n'était la présence insolite de ce tracteur couleur de sang qui poignarde la neige, offre comme un avant-goût de néant à l'audacieux marcheur qui laissera pour longtemps au sol la marque en reliefs crantés de se ses semelles.
Dépouillée des ronces de l'incurie et des feuillages hors saison, la glacière que les aléas des ventes ont séparé de la maison dit le mystère de ses portes aux clefs perdues et l'abandon duquel elle pourrait mourir.
Une brèche et une torche électrique ont révélé une magnifique voûte, chef d'oeuvre de stéréotomie qui somme les profondeurs du puits qui recevait autrefois lits alternés de glace et de paille permettant de régaler de sorbets et "d'eaux à la glace" les gourmets d'avant les réfrigérateurs.
Il faudra bien penser un jour à sauver de la ruine ce précieux témoignage d'un savoir faire révolu...

19 janvier 2013 (38)

19 janvier 2013 (4)

19 janvier 2013 (37)

 

 

Deuxième acte, le mois de février en deux scènes :

Le mois s'ouvre sur l'irruption dans le parc des eaux du Gottereau, ce petit affluent du Blaiseron qui dévale des hauteurs ; l'afflux des eaux pluviales et de la fonte des neiges rend le ruisselet impétueux au point de faire fi des buses qui, en temps ordinaire canalisent son cours, pour s'étaler en toute insolence sur le terrain qui borde l'étang, donnant ainsi des couleurs d'aventure au traditionnel et paisible "tour de l'étang" .

 

03 février 2013 (4)

La prairie devant la maison s'inscrit au-delà de la route dans la vallée de notre rivière ; à perte de vue de grandes flaques ponctuent le paysage comme si l'élément liquide voulait dévorer le stable. Les taupes n'en ont cure qui continuent à ponctuer le sol de leurs monticules bruns.
Cependant la dernière semaine du mois s'ouvre par une nouvelle offensive de la neige qui, continûment, inlassablement et opiniâtrement, feutre de traîtrise uniforme les divisions de l'espace, on ne distingue plus les allées des étendues d'herbe, pas plus que les carrés de cultures de légumes des massifs de fleurs au repos ; même le ciel et l'horizon se confondent en un lointain cotonneux.
Comme un candélabre éteint, impuissant à éclairer le paysage, le grand frêne dresse vers le ciel indifférent la tragique prière de sa ramure à la symétrie presque parfaite.

24 février 2013 (28)

03 février 2013 (1)

24 février 2013 (54)

 

 

Le troisième acte du troisième jour de mars s'ouvre sur le sourire lumineux d'une promesse de printemps ; blotti à l'angle de la forêt, d'où son nom de Charmes en l'Angle, le village, languide, lézarde croyant naïvement à la promesse de jours meilleurs.
Même les canards y croient qui,  au petit matin peuplent l'étang de leurs bruyantes parades amoureuses.

03 mars 2013 (4)

Le ciel rit de tous ses azurs, le pigeonnier soigne son hâle avec gourmandise côté pile en attendant que le cours du soleil ne s'attarde sur la face ouest sans qu'il ait même à se donner la peine de changer de position ; le soleil rasant du matin carresse les façades de la maison dans un jeu d'ombres et de brillances atténuées infinemen doux.
Nous pouvons enfin faire la promenade vers la source ; le lit du petit cours d'eau commence à se parer des espoirs verts des iris et des renoncules d'eau, leur floraison jaune ne tardera guère, veut-on croire, à enchanter nos yeux des notes suaves du joli bonjour fleuri au renouveau. 
Sous les futaies les perceneiges courbent leur capuchon immaculé sous les rayons du soleil.

04 mars 2013 (7)03 mars 2013 (25)

03 mars 2013 (3)

 

Mais les promesses météorologiques, comme celles des campagnes politiques, n'engagent que les naïfs qui y croient... en ce mitan de mars, froidure et cataractes d'eau ont passé par pertes et profits les illusions de temps meilleurs. 
Aujourd'hui, malgré les prévisions d'hier, une douceur relative et inespérée s'est installée et le jeune soleil du  matin allonge les ombres de la maison sur la prairie.
Cependant, le baromètre continue, inexorablement, à baisser...
 

18 mars 2013

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Commentaires
H
@ Galina : Merci chère amie, je suis heureux que vous trouviez ici de la déente
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G
Je suis au paradis en vous lisant...
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H
@ Marie : Tu sais quoi ? Aujourd'hui à Charmes, un miracle : du soleil de temps en temps et ça, même si la température continue à être hivernale, c'est la preuve qu'il n'est pas mort le soleil.
Répondre
M
Et tu peux changer le dicton : Noël au balcon, Pâques aux flocons ...
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H
@ Gazou : Merci à vous de votre promenade ici
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