Pâques avant Rameaux
Après un hiver qui a dit son nom haut et froid, les prémisses du renouveau, comme si le ciel voulait se faire pardonner une telle série de cruelles morsures, ont égayé ces derniers jours de Charmes.
le soleil reprend possession de son étang-miroir et, indiscret, irrésistible, il pénètre à l'intérieur. Illusionniste installé à la table de l'anniversaire de Charles, Phoebus engloutit le blanc de la porcelaine dans le blanc de la nappe.
Mais il fait beau, les mouches meurent par centaines dans la maison, victimes de je ne sais quoi, et je peux célébrer dignement l'évènement un verre à la main car c'est dimanche.
En fait, c'est un peu fêter Pâques avant Rameaux, la vraie date anniversaire en question étant le 2, mais cette nique au calendrier a permis d'associer les chers amis de passage aux agapes.
Nous ne sommes pas les seuls d'ailleurs à anticiper les jours ; la nature, après des rigueurs sans fin, met les bouchées doubles dans cette annonce des jours meilleurs.
Oui, tandis que les perce-neige continuent leur ronde au pied des arbres, les pâquerettes émaillent le sol parmi les dernières feuilles mortes et les bourgeons des aulnes se balancent sur l'escarpolette des vents au-dessus des eaux dormantes.
La végétation aquatique joue les toiles impressionnistes de par la transparence des eaux à peine ridulées par une légère brise et l'intensité des lumières ; tout prend des allures spéciales y compris ce fond de sauce d'une estouffade de topinambours au chorizo qui nous a ardemment mis le palais en gloire pour notre dernier déjeuner du séjour.
Nous avons quitté charmes sous la bruine, le ciel était brouillé, les horizons incertains.
Mais à Paris, aujourd'hui'hui, l'astre roi s'est imposé en seul maître.
Caprices des temps aussi insaisissables que les robes de même couleur.
Pérennité des cycles.
La vie... tout simplement.