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Le blog de HP
23 mai 2007

Humeurs et sentiments

Paris n'est jamais aussi belle qu'après une parenthèse, depuis mon retour de Marrakech et prétextant quelques obligations j'ai déambulé hier du huitième arrondissement au Marais ; aujourd'hui, ce sont les passages Vivienne et Véro-Dodat qui m'ont rappelé l'équilibre délicat du gracieux classicisme d'époque Restauration.

Ce dernier séjour Marocain a été placé sous le signe de la chaleur ; de la chaleur et de la colère, car n'arrivant pas à intégrer l'intronisation de la médiocrité et de l'arrogance aux plus hautes fonctions, j'ai plombé par l'imprécation et la vitupération les nombreux dîners réunissant des amis tous adorables mais certains "mal-votants" car "revenus" du Socialisme. Comme si une désillusion pouvait justifier un reniement.
Finalement, j'aurais dû m'aligner sur notre chatte Marocaine, Mimi, qui est restée d'une indifférence parfaite devant la plastique de notre homme-sandwich Nike (bien qu'il nous ait niqués), irrésistible play-boy au popotin de percheron.

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J'aurais aussi pu prendre la distance superbement affichée par Jardin Baroque (voir mes liens) dans son billet, ô combien sage et élégant "Nec varietur".

Donc je me calme, il le faut bien, cinq ans minimum de colère risqueraient de défraîchir ce teint, à la lettre, mêlé de lys et de roses qui me donne un charme si particulier (en réalité je suis olivâtre comme un moricaud, mais chut, faut pas le dire).

Marrakech dégoulinait de fleurs, les roses, fatiguées d'exposer leur ténuité à la chaleur envahissante, s'épanouissent très vite dans des abandons exquis de grande dame épuisée.
Les daturas sur lesquels pèsent des soupçons d'empoisonneuse nous remettent en mémoire certain air fatal dit des clochettes.
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Les roses de l'extérieur, directement exposées aux ardeurs du soleil, sèchent sur tige à peine écloses, telles des vierges privées de la sève d'un amoureux.
Loin, dans la campagne de la vallée de l'Ourika, les fleurs sauvages, bourraches et autres coquelicots, se blottissent sous les épis d'orge ou d'avoine attendant la faucille. Oui, au Maroc coexistent deux types d'agriculture, la grande parfaitement mécanisée et, comme ici, une culture traditionnelle où, comme cette dame en rouge, la moisson se fait courbé au sol.
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Les paulownias, eux, continuent à exaspérer la pureté du bleu du ciel par leur éphémère singularité.

A la maison l'ocre des murs continue à s'effriter n'en pouvant plus de s'adapter aux fraîcheurs succédant à la fournaise ainsi qu'aux déluges alternant avec la sécheresse.
Un nouveau lustre est venu égayer le b'hou (petit salon ouvert des maisons marocaines, lieu de rêverie et de méditation privilégié), son installation, avec les moyens du bord, a été acrobatique.
La maison d'à côté, vieux palais en déshérence car bien de main morte (Habbous) a cependant été vendu à des américains nos futurs voisins, espérons qu'ils le respecteront sans le disneylandiser, cependant l'essentiel est là, il sera sauvé.

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La ville européenne, le Guéliz, continue ses pulsations propres, les belles pétroleuses jouent la nique au niqab, les tracteurs incongrus roulent devant les enseignes H&M et Zara.

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Les cafés des années d'avant, restaurés, nous jettent du Bowles plein les yeux et les constructions du groupe Barrière, sur la démolition d'un vieux palais, prônent un art de vivre de luxe jeté comme un crachat injurieux à la face des habitants de ce pays, pour la majorité fort pauvres.

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En Médina la place J'mâa el F'nâa continue, imperturbable, à égréner ses sortilèges immémoriaux et notre ami Sahari qui vend à même le sol les produits improbables de la pharmacopée traditionnelle a un sourire qui défie toutes les tristesses.
Mon copain "chouaf" (voyant) un homme "d'ailleurs" croit me combler de joie en m'assurant, ravi, que ma femme attend un bébé.

saharichouaf

 



Ah Marrakech, garde encore un peu ton âme...

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Commentaires
E
C'est un bonheur de revenir vers ton blog, de voir Marrakech et sa douceur de vivre...<br /> J'ai adoré le passage ou tu nous annonces que tu vas être père...<br /> Je t'embrasse à très bientôt
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A
C'est surtout une bonne manière de passer son temps à faire des valises ... lol
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B
se déplacer entre plusieurs maisons, c'est une bonne manière de se donner la possibilité de toujours être là mais en même temps ailleurs.
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B
Rien à voir avec le post d'HP et je m'en excuse par avance, mais puisque manifestement des esthètes fréquentent ce lieu, je recommande vivement à tous la lecture de Iain Pears, surtout Le Portrait, magnifique monologue sur l'art et les apparences...
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J
là chez toi<br /> j'ai senti le soleil sur ma peau<br /> l'odeur du jasmin<br /> j'ai entendu un drôle de bruit<br /> des chuchotements<br /> des cris<br /> et j'ai eu envie de sourire<br /> et contente je suis allé faire un tour un peu plus loin<br /> je t'embrasse
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