Promesses et espérances
Soudain clamée par l'embrasement du grand hêtre pourpre, la belle saison est bien là. L'arbre immense étage une feuillure flamboyante le long de ses quatre troncs rectilignes, sa taille et sa couleur sont comme l'oriflamme qui signale les lieux de très loin à la ronde; là, il bruit et scintille au gré des brises et des lumières.
Le verger s'est paré des délicates promesses d'une floraison abondante, si les saints de glace nous épargnent les gelées tardives, les fruits seront abondants cette année ; j'aime me coucher au sol et regarder le ciel au travers des fragiles pétales. C'est comme si un baldaquin tissé de la soie ténue et vibrante d'un kimono précieux était tendu au dessus de mon rêve.
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Le tulipier du Japon, lui, n'a pas aimé notre absence d'une décade, il nous avait adressé,au moment du départ, les mille clignements d'yeux de ses boutons lancéolés et, au retour, le vert tendre des feuilles l'emportait déjà sur le rose-porcelaine des pétales qui jonchaient le sol.
Les lilas et autres branches fleuries assemblés sans façon en bouquets "grand'mère" égaient de cette touche d'élégance négligée que j'aime tant les différentes pièces zébrées par les stries du soleil rasant du petit matin.
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Cependant, ces petits miracles n'abolissent pas toute activité, il a bien fallu organiser et préparer les repas qui ont rassemblé autour de la table mes chers hôtes bordelais en visite pour quelques jours ; de ma fenêtre je pouvais suivre les mouvements des garçons qui déploient dans cette lutte-ballet des grâces de jeunes faons ; plus loin, Charles en digne fils de la terre, jardine sans relâche du point du jour à la fin de la journée, c'est le rapt (consenti) des parterres de fleurs et des carrés de légumes.
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Belle et Chitan ont découpé leurs journées en deux phases ; sitôt libérés, ils foncent vers l'étang et la rivière s'adonner frénétiquement à la chasse au ragondin ; Belle, dans son rôle de rabatteur, repère et indique par des aboiements sonores la présence du rongeur, Chitan, chasseur émérite, saute à l'eau et cerne la bestiole en des cercles concentriques de plus en plus rapprochés; épuisé l'indésirable n'a plus qu'à plonger pour ré-émerger plus loin. Peut être cette année aurai-je des nénuphars !
A présent seul, je reste de longs moments à observer avec émerveillement la complémentarité intelligente de mes compagnons.
Dès midi, les chiens, anéantis de fatigue, cèdent à la torpeur, cherchent l'ombre et s'abandonnent au repos. Je les laisse à leur félicité et vais m'étendre pour une petite parenthèse post prandum sur le lit de repos de la chambre aux iris.
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Mais au fait, quel est l'intrus qui a osé occuper ma place ?
Et puis il y a eu le vote, les neuf votants de notre minuscule commune ont accompli leur devoir de citoyen, en voici les résultats :
Madame Royal :3
Monsieur Talonette : 3
Monsieur Bayrou : 1
J-M LP :1
Monsieur Nihous : 1
Le maire, en bon violeur du secret des urnes déplore toujours urbi et orbi que des "riches" (oui, c'est nous) votent "socialo".
J'ai fait le pari, insensé, de l'espoir, histoire d'ajouter l'espérance aux promesses de ce ce printemps.
J'ai été ému par la Dame, libre et d'aucun parti.
A ceux qui encore la traiteraient de Bécassine je rétorquerai que dans la célèbre bande déssinée seule Bécassine est entrée dans l'histoire, ses patrons restent inexistants.
Et puis, il n'y a rien à faire, mes préférences iront toujours à qui se rêve un destin plutôt qu'à celui qui se forge une carrière.
Pour matérialiser l'espérance quelques crus bien choisis sont venus ajouter une certaine nonchalance alanguie à des idées quelques peu brouillées.
Comme une brume de printemps, comme la possibilité d'un nouveau monde...