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Le blog de HP
14 février 2007

Baroques

"Baroque". Aucune définition satisfaisante ; le mot, comme ce qu'il évoque vous approche, s'égare, s'éloigne et vous perd. Le mot serait, selon  certains, né d'un vieux vocable espagnol "barrueca" désignant une perle oublieuse de sa rondeur paisible pour se tordre et se distendre en des volutes capricieuses et aléatoires.
En France, au seizième siècle, le baroque se dessine déjà sous la pureté idéalisée du répertoire Bellifontain du Rosso et du Primatice, s'épanouit à l'aube du dix-septiéme siècle et coexiste avec un nouvel assagissement des formes pour donner naissance à la mesure du clacissisme français Louis-Quatorzien.
Le dix-huitième siècle point à peine que, déjà, un vent alangui de grâces et d'aristocratique nonchaloir invente un nouveau baroque, léger et sans grammaire bien précise, le rococo.
Le rococo, art du décor et de l'illusion s'effacera pour que l'inévitable effet de balancier remodèle le champ artistique en évocations  athéniennes, puis romaines du néo-clacissisme.

Jeune produit d'une certaine culture, je méprisais les complications du baroque, confit que j'étais dans la religion sociale du "bon goût" mesuré et rationnel, lorsque, à la faveur de mes études en Histoire de l'Art, m'échut dans le programme l'étude du baroque.
Je ne dirais plus jamais "j'aime" ou "je n'aime pas", la connaissance amène sur les rives de la compréhension qui, elle, aborde sur les plages de l'affectif.
Je compris, grâce à l'étude, qu'il n'y a aucune gratuité dans les complications et les distorsions du baroque, que cette forme d'art n'est ni gratuite ni vaniteuse. Ce style est une pensée, celle de la vie, de l'horreur de la ligne droite de ceux qui savent ce qu'ils veulent et où ils vont, mais l'expression des doutes et tortures de l'âme qui de questionnement en repentirs et remises en question suit le sentier intelligent et fluctuant de la pensée éveillée.

Une des dernières manifestations de l'esprit baroque a vu le jour à la charnière des dix-neuvième et vingtième siècles, c'est l'Art Nouveau, ou floral, ou encore Modern style, etc.
Le dictat de la surface portante soutenant une surface portée le cède, comme dans le rococo Louis XV, à une confusion de forces vives et des éléments supportés fondus dans des courbes sinueuses et apparemment inexplicables où le grand art d'illusion masque la performance technique au profit d'une apesanteur fictive.

Bruxelles, ce week-end, m'a, entre autres joies, révélé le bonheur protéiforme de ses grâces Art Nouveau dans les surprises de la rue conçue par l'architecte Blérot.
Apparente pagaïe pour l'expression inattendue d'une sensibilité aux multiples références passées au moule de la cohérence d'une pensée toute de vibrations et d'ouverture.
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Un déjeuner à la brasserie "la porteuse d'eau" vous immerge dans cet univers de béton, fer forgé et de verre pourtant tout en apesanteur.
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Au hasard d'une rue, un motif architectural me dit que le baroque sous-jacent à toute forme d'expression se manifeste quand bon lui semble, comme ça inopinément comme en atteste cette façade du début des années quarante.

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Hier soir, spectacle de Bartabas, "Battuta" où notre ami Michaël que vous pouvez apercevoir à Namur, isolé à gauche au centre de l'arcade, incarne un truculent et leste vieillard à la barbe de neige.

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Vision baroque d'un campement Gitan où la joie explose là où la nostalgie s'abat, où l'en volée d'une mariée chevauchant un animal nivéen est prolongée d'un voile orné d'oies migratrices et soutenu par des ballons. Image poétique et onirique que Kusturica n'aurait pas reniée.
Les rapts et les ours lubriques  rythment la vie du campement, une  splendide tzigane s'épanouit dans la  fleur de sa vaste jupe  coquelicot  en plein galop, et dans ce tumulte, la grâce immatérielle des mariés tient de l'apparition.
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Conclusion inopinée :

Mon billet interrompu et en attente, nous sommes allés voir "La môme".
Spirales de la mémoire absorbant le présent et immatérialité d'un présent qui renvoie au souvenir.
Vulgarité se transmutant avec grâce dans les méandres des sentiments.
Miroirs déformants des regards frelatés et des innocences vénéneuses.
Ambigüité des désirs salis par l'ambition.
Dictature insupportable des faibles dotés du pouvoir.
Cruautés amollies de  larmes.
Collisions des corps et frôlement des âmes
Tout est en tout et en son contraire.

Vous avez dit...

Baroque ?

 

 

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Commentaires
T
Premiere visite dans dans cet espace : fidele a toi meme, tu es ce que tu ecrit, tu ecrit ce que tu est, c'est bien et rare dans ce monde de faux semblants, de specialistes du faire-savoir et du paraitre.<br /> Inch'allah!
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H
@ Marie : tu as comblé tes lacunes ?<br /> <br /> @ Jardin et Jean-Yves : Très éclairants compléments, merci.<br /> <br /> @ Jeanne : Loungta était un merveilleux spectacle, tout en retenue et méditation à l'inverse de battuta, frénétique et... baroque.<br /> bonne route sur ton nouveau blog, avec canalblog tu as fait un bon choix ;-)))<br /> <br /> @ Cristina : Bruxelles est une hétaïre de haut vol, quand elle te capte il n'y a plus de retour en arrière possible.<br /> <br /> @ Béné : Je partage ton goût pour Jardin qui est une lumière irradiante dans le paysage bloggesque.<br /> <br /> @ Nico : j'y retourne bientôt, je te dirai donc.<br /> <br /> @ ISMA : je ne sais pas si, là, tu te fais de la bonne pub...<br /> <br /> @ Steamy : Oui, style alambiqué et amphigourique, mais je cultive, c'est ma musique à moi.
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S
style lourd mais point déplaisant
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I
Artisan restaurateurdepuis peu j'ai la chance avec de connaitre hp il vient regulirement dans mom etablissement avec des amis lorsqu'il est a charmes.<br /> hé bien croyez moi que quand vous avez hp au resto vous etes sur de passé un service decontracte.ALLEZ HP A ce week end pour l'apero et puis souviens toi de la Salade au caca et aussi de de coupe glacée ranania!!!!!!!
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N
la prochaine fois, va au falstaff... pas très art déco comme brasserie mais cadre sympa quand même !
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