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Le blog de HP
11 décembre 2006

Solitudes

Solitudes non choisies, solitudes de l'absence : veufs, orphelins, abandonnés.
Solitudes imposées, les plus cruelles : bannis, humiliés, exhibés aux piloris de toutes les intolérances. La pire des solitudes car nourrie de la proximité des autres.
Solitudes fertiles parce que choisies comme des moments volés, retraites et abstractions, méditations et contemplations.
Solitudes de toutes sortes, comment en deviner l'origine ?
Lors de ce récent périple marocain le thème m'a hanté et mon appareil photographique a volé quelques êtres en prise uniquement avec eux mêmes.
Quelles rives atteignait leur isolement ?
Quels rêves, quels désenchantements, quelles illusions ou, peut être même, quels calculs les habitaient ?
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Notre encapuchonné blotti dans un angle de la grande mosquée de Casablanca s'est totalement abstrait du monde, il évoque irrésistiblement les deuillants des tombeaux de la fin du Moyen-Age.
Le lieu et l'attitude laissent à penser à une prière intense. Et si tout simplement l'homme était fatigué ; et si le hasard d'un cadre et d'un abandon donnaient l'illusion d'une extase intériorisée ?
Un peu plus loin, sur la corniche, un jeune homme rêve, fasciné par les vagues.  Evocation de l'être aimé ou élaboration d'une stratégie amoureuse ? Peut-être un chagrin, peut-être un hymne à la nature. Peut être rien d'autre que la capitulation de l'esprit devant la caresse d'un doux soleil face à un océan aux rythmes de berceuse...

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Plus loin encore, seul face à son travail, ce ramasseur de goémon se demande t'il quand son harassant labeur prendra fin ?
La vie lui offrira t'elle une chance de "s'en sortir" ?
La mer est si près et l'Europe si tentatrice.
Ou bien il est tout simplement résigné et son cerveau entièrement absorbé par la tâche.
Il se peut aussi qu'en homme sage il se contente de ce qu'il a et en remercie Allah. Il en est tellement qui n'ont aucun travail !
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Robe originale que celle de cette bique noire une patte précieusement gantée de blanc ; isolée du troupeau elle cultive son indépendance d'esprit et il me plait de croire qu'elle met toute sa coquetterie à cultiver sa différence.  Le couteau de la fin sera t'il pour autant plus doux ? .
A Marrakech, en bordure d'un chantier, un chaton SDF se prélasse dans des étirements précieux et voluptueux qui abolissent les immondices qui l'entourent.

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Enfin livré à lui même, enfin délivré de son maître mais non de la charrette qu'il traîne, cet âne, à l'entrée des souks, dit toute la lassitude du monde dans la douceur langoureuse et injuriée de son regard si profond.
Il est loin de l'insolente béatitude du matou qui a trouvé refuge sous un autre véhicule sommaire.
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Seuls aussi, certains objets se singularisent de leurs semblables et semblent singulièrement humains :
Superbe de la nature qui dresse l'orgueil de ce palmier à des hauteurs vertigineuses.
Superbe de l'homme qui élève aux cieux les minarets, tours de Babel ambigües entre l'élan mystique et l'affirmation de sa puissance.

Pour finir sur une note plus légère qui dira jamais la solitude du linge qui sèche aux fenêtres ?
Seuls, vides de ce qui leur donne vie, les pantalons ne sont plus que des paquets-cadeau menteurs.

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Quel est le nigaud chantant qui proclamait naguère sur les ondes : "La solitude ça n'existe pas..." ?

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Commentaires
H
@ Eva : Ton plaisir fait le mien et donne un relief inattendu et précieux à ma modeste musiquette
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E
Décidément, quel plaisir de rôder ainsi sur ton blog... Savourer la fierté de "la bique noire", la langueur du "chat SDF" la lassitude du petit âne, et la vacuité des pantalons qui sèchent au balcon !
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M
il y a pire qu'être seul : vivre avec le manque, le manque d'un être plus que très cher, la chair de sa chair, son fils bien aimé, qui a fêté ses 20 ans le 4 décembre 1994, englouti sous une avalanche le 18 janvier 95, et qui manque cruellement, souffrance indescriptible, viscérale... Il faut quand même fêter Noël et le ler de l'An, pour les autres, parce qu'ils n'y peuvent rien, en souvenir de lui aussi, car il est toujours là, dans le coeur, mais aussi par des petites apparitions fugitives à tel ou tel endroit, nous font croire qu'il "descend" nous voir (rêves cruels, mais si beaux !)on rit même de son humour sarcastique parfois, "pince sans rire", lui qui nous a quittés trop jeune, trop insouciant, trop beau... alors, oui, on achète les cadeaux, j'aime gâter et être gâtée, on se dispute pour savoir ce qu'on va manger le soir du réveillon, ce qu'on va boire (la reine-mère veut du champ. demi-sec, nous, nous crions au scandale, on veut du brut), les fruits de mer ? beurck ! ah, non, c'est bon ! et la sacrée bûche ? ah, non, cette année, sorbet, c'est plus léger ! et çà c'est la vie, la vraie, avec ses petits tracas quotidiens, mais bien sympa que mes proches (et aimés) se chargent de me rappeler, car moi, seule, je rêve souvent, et je vous promets qu'on est très bien dans la lune ou les nuages ! et puis, le soir de Noël, il y a toujours l'invité surprise, celui qui est seul et à qui on offre un petit moment de complicité, un peu de bonheur, un peu de chaleur (du moins, on le croit !)celui qui était seul, n'est plus seul, et la boucle est bouclée... bonnes fêtes à tous ! beaucoup d'Amour, de tolérance, et... d'argent !
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A
On commence à tourner un peu en rond avec cette affaire de seven. Il est temps de faire une nouvelle note, cher HP ! <br /> On pourrait même, comme chez les frères, te proposer des planches. Je te vois bien en frère terrible de l'Affreux Jojo !
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J
« Supporter la compagnie des imbéciles et des salauds est certes une rude tâche, mais la famille et le lycée nous y préparent suffisament. Personne, en revanche,ne nous enseigne à aimer la solitude. Celle ci est pourtant le destin des âmes extraordinaires. Etre singulier signifie être différent et être seul. Nous devons le savoir et l'accepter... »<br /> Gabriel Matzneff, Le Taureau de Phalaris [Dictionnaire philosophique]
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