Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de HP
13 septembre 2006

Glissements

Heures creuses dit'on ? 

Mes heures vides sont les plus pleines.
Se libérer du contingent, du nécessaire et laisser les envols de l'esprit se couler, caresser, se cogner, s'élever et retomber dans des apesanteurs vertigineuses.

chem_bureau3

Sieste d'hier dans le bureau, les souffle cadencé des chiens module l'atmosphère.
Peu à peu la conscience baisse ses gardes et brouille en un sfumato onirique les caissons du plafond, les lourds plis des rideaux et les multiples sourires des photos encadrées.
Monsieur Tessier tond l'herbe sous mes fenêtres, à l'irritation succède une captation du vombrissement monocorde du moteur ; apprivoisé le ronronnement m'envahit, se fait doux et incantatoire, me berce et accompagne mon glissement vers d'autres rivages.
Il fait chaud, par la fenêtre ouverte un rouge-gorge froufroutant s'égare dans la pièce et ressort après s'être quelque peu cogné aux vitres.
Les gaines des piédroits de la cheminée s'hallucinent en sourires inquiétants.
Les pampilles du lustre s'irisent d'irréel plus vrai que la simple conscience du prisme de la lumière diffractée. Les livres qui se pressent aux rayonnages me narguent de tous les savoirs que je n'aurai jamais et me rassurent par toutes les promesses qu'ils recèlent.
Le monde entier me semble contenu dans les sensations, les perceptions émanant des atmosphères et des objets. Je disais il n'y a guère que les ailleurs deviennent des ici au cours des voyages inutiles, je me rends compte maintenant que les ici débordent d'ailleurs.
Je ne pense pas, mon esprit se suffit à lui même et nourrit ma féconde vacuité.
Ma main glisse, éprouve la douceur d'un pelage de velours. Je m'endors.

Pluies et fraîcheurs de l'août passé.
Une éclaircie, je vais, toujours flanqué des deux chiens, glisser ma vue sur les eaux troubles de l'étang des temps moroses. Un rayon de soleil fugitif fait scintiller un saut de carpe, mais soudain, la pluie, de nouveau, unit le ciel à la terre.
Je ne veux pas me lever, une force inerte me laisse vissé au banc et peu à peu ma chemise blanche devient transparente ; mes cheveux pleurent leur bonheur animal sur mon cou. Hiératiques comme des sphynx les animaux se parent de liquide chacun à sa manière, les longs poils de Belle se constellent de myriades de minuscules perles, Chitan au poil ras luit comme un bronze antique.
Ma raison essaie d'imposer l'incongruité de la situation à mon esprit gorgé de ces sensations fortuites.
Je résiste quelque peu, j'ai froid, je rentre.

soleil_hesitant

Nuit de solitude et de tempête à Charmes.
Ne surtout pas fermer les volets, le lit de la chambre aux iris fait face à une fenêtre.
Transgression des vitres, dissolution de soi dans les éléments.
Se fracasser et se démembrer contre les troncs des arbres, retomber en éparpillements sauvages et éclatés jusqu'à ensemencer, habiter la terre entière.
S'amalgamer aux souffles et bruire dans les frondaisons caressantes.
Ouvrir la bouche et devenir engoulevent, se laisser pénétrer et porter par les rafales en communion avec la Nature. Etre partie de cette Nature.

22ao_t__13_

Parfois je n'en peux plus de trop porter d'émotions, ma raison, impérieuse, me le dit.
En aucun cas je ne pourrai m'en décharger, me susurrent, lancinantes, mes heures creuses.
C' est à  elles que je finis toujours par m'abandonner.

Publicité
Commentaires
A
Oui, tu as raison, il ne faut pas rompre le charme de Charmes !<br /> Pour le blog, je viens de fermer mon forum parce qu'il me prenait trop de temps. Alors ... C'est une drogue pour moi cette tendance à mettre mon grain de sel sur la queue des zozos pour les attraper !<br /> <br /> Franchement, y'en a des qui dépassent allègrement les limites ! Postures ou impostures ? Peu importe, ce qui est dit est dit, écrit ce qui est écrit ! J'ai trouvé beaucoup de mépris dans ces blogs. Pas bon, pas bon !
Répondre
H
@ Jojo : Rassure-toi, ce sont des postures. <br /> Quant aux invitations aussi hétéroclites, euh, j'hésite. Je tiens à sauvegarder la tranquillité de charmes.<br /> Et puis, il y a plein d'autres blogs différents.<br /> <br /> A ce propos, quand te lances-tu ?
Répondre
A
Autre blog autre hallucination ! Je me pince ! Non, je ne rêve pas ! Oui, j’ai bien lu !<br /> « Sans compter qu'hier soir en arrivant à la gare il n'y avait pas de train pour rallier ma banlieue de merde. Pourquoi ? Parce qu'un connard s'est suicidé en gare de Saint-Cyr. Avec le bordel que ça a foutu, l'a pas intérêt à s'être raté celui-là ! C'est pas grave, je vais attendre ».<br /> <br /> C’est pas grave ! Un suicide de connard, forcément ! Au début, c’est grave, ça fout les boules, y’a pas de train. Mais quand on y réfléchit bien, un suicide de connard … Pas tout à fait un être humain, un mec qui se jette sous un train … Ca peut pas lui arriver à la Miss qui attend d’être une femme, qui passe sa vie à attendre ! Alors, un train, un conard, un suicide, être une vraie femme … Vous êtes tous comme ça à Paname ?<br /> Moi, ça me donne des idées toutes ces lectures ! Une idée de bouquin sur nos concitoyens vus, décryptés à travers leurs blogs ! Mais y’en aura bien un qui aura le temps avant moi. Et puis, j’ai bien peur qu’à force de lire, l’envie me prenne, comme l’autre conard … Un petit coup de désespoir … un soir … dans le noir … sur le trottoir … ou au rasoir … avant le mouroir … Rien que pour exaspérer la Miss qui attend que le conard soit bien froid, bien raide, pas raté du tout, pas comme le train, pas comme la Miss qui a raté la femme en elle ! Et qui attend sur le quai et qui se dit que c’est pas grave ! Parce que le connard c’est pas son mec, pas son père, pas son enfant ! Peut-être bien le conducteur du train (un comble) ou le commercial humilié par Son Eminence (une coincidence) … N’importe quel type qu’elle n’a pas vu, pas croisé, ou croisé et même pas vu ! Même pas mal au cœur, même pas honte … Même pas de cœur … <br /> J’ai le bourdon, ce soir ! Faut que j’arrête de lire tout ça !
Répondre
A
HP, dis-moi que je rêve ! Voilà à quoi aboutit un lien de ton blog : « J'oblige les ploucs a porter un carré bleu cousu sur leurs affreux vêtements ! Ensuite, je les fais déporter par milliers, que dis-je par millions, par wagons entiers (…) » C’est signe Son Eminence.<br /> SVP, tu peux m’inviter à Charme en même temps que ce Monsieur qui a choisi (et c’est effectivement une preuve de goût) de se dissimuler derrière une marque de slips ? Je pense qu’on a des choses à se dire, ce garçon et moi ! <br /> PS : Je passe sur la façon dont il se vante d'avoir humilié un subalterne pour une histoire d'étiquette ...<br /> Hallucinant !
Répondre
H
@ Patrick : ça tombe bien, moi aussi je sais abolir la raison. Merci de continuer à être déraisonnable.
Répondre
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Le blog de HP
Newsletter
Publicité