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Le blog de HP
5 septembre 2006

Nostalgies

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Distillés par la vitre de l'automobile, les paysages, tantôt brouillés par les gouttes des pluies, tantôt incendiés par de brusques et intenses apparitions du soleil nous ont révélé des mondes divers et fugaces lors de ce périple d'une fin d'été sous un ciel névrosé entre sanglots et éclats de rire.

Estuaire de la Gironde où les moutonnements océans le disputent en immensité aux vagues régulières des vignobles.
Bastides autour de Libourne et élégance intacte d'un Bordeaux qui a su contenir avec bonheur une quête nouvelle dans son écrin clasique.

Pastorales béarnaises où, à perte d'horizon, pas une nuance de vert ne manque à la palette de ses coteaux.
Oloron cadenassée au confluent de ses deux gaves et Pau, ville-balcon sur une chaîne des Pyrénées émergeant des frondaisons.

Pays Basque où le vert vient s'échouer sur des plages aux noms dignes des périphrases des Précieuses de Molière, "La chambre d'amour"...
Voiturez-nous ici les mirages de l'Impossible.
Biarritz la surannée où le baroque Second Empire résiste de moins en moins au cancer minimaliste de la lèpre immobilière.

Un lien dans la diversité des vues et des climats : Lili Boniche.

Vous ne connaissez pas Lili Boniche ? Eh bien ce n'est pas le rôle éponyme d'une soubrette d'opérete des années trente, C'est le nom de ce chanteur immense qui a enchanté l'Alger des dernières années de la colonisation.
Mélodies de l'époque, tangos et autres rumbas, enroulés aux volutes arabo-andalouses et où dialoguent de façon naturelle l'Arabe et le Français comme devait le faire la rue de l'époque, la rue des petites gens et pas celles des prédateurs qui fomentaient les désastres à venir. On sent une tentation d'exorciser la monstruosité coloniale par les noces bariolées de deux cultures, de deux raisons.

Cette Alger n'a pu être, ni l'Histoire ni les hommes n'en ont voulu.

Et soudain, je suis submergé par une vague de nostalgie pour une ville que je n'ai jamais connue, comme si elle était entrée en moi, comme si elle m'avait bercé.
Je suis l'Alger des barbaresques et celle des Beys aux chasse-mouches offensants. Je serpente dans les ruelles pentues de Bab-el-Oued la résistante et, inconscient, abandonne ma paresse au soleil de ses quais art-déco.
Je salue l'honneur rendu au pays par un FLN qui se dévoiera jusqu'à rendre inéluctable l'émergence du terrorisme islamiste.
Je suis aussi dans les valises de ceux qui ont tout laissé sans rien comprendre.
Eternelles dupes des enjeux qui les dépassent.

Au fil de ce disque-fil d'Ariane passé en boucle je me livre à toutes les nostalgies, aussi bien à celles des lieux connus et abandonnés, avec ou sans retours, et aussi celles des endroits jamais connus,  certainement à jamais, mais dont les horizons m'appellent comme si un autre moi, ou une partie de moi, rêvée ou révolue les avaint hantés.

Abolition des illusions de l'exotisme et force prodigieuse des moi profonds, des aventures perçues dont la source se perd dans les cosmos mentaux.

A l'herbier de mes nostalgies j'ai épinglé l'invraisemblable apparition de Sophie, ma nièce bien aimée le jour de son mariage.

Sophie est arrivée montant en cavalier Sirocco son cheval préféré. Une robe Empire en tulle violet révélait une grossesse somptueusement provocatrice.
Les talons aiguille flirtaient mal avec les étriers et Sirocco, complice riait de toutes ses dents. Pour la circonstance il était caparaçonné aux couleurs de l'improbable mariée.

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Ce fut un beau samedi 2 septembre 2006.

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Commentaires
H
@ Eva : Alors je ne te dis plus rien à ce sujet de peur de te détromper. Je savoure ;)
Répondre
E
Mais voyons mon très cher, tu es le plus beau de tous... J'en reste persuadée...
Répondre
H
@ Eva : Tu me ramènes à uneautre nostalgie. Celle de liens affectifs actuellement dans l'ombre. J'attends la lumière.<br /> <br /> Oui, à part moi il n'y a pas que des horreurs dans la famille...
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E
Une merveilleuse introduction à deux images poético-humoristiques... Il n'y a donc que des beautés dans ta famille ? :-)))
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P
C'est mieux comme cela. Je ne regrette rien. A bientôt,bonne nuit, Philippe.
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