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Le blog de HP
4 août 2006

La chambre de Beu-Beu

Dans notre détermination à ne pas changer d'un iota les atmosphères de Charmes, les chambres qui avaient un nom l'ont gardé.

Benoît est un des fils de nos prédecesseurs, et cette chambre était la sienne. Comme j'ai la maladie, non honteuse puisque Proust en usait et abusait, de redoubler la première syllabe des prénoms, eh bien c'est la chambre de Beu-Beu. (A ce propos rassurez-vous, j'évite ce genre de diminutif pour les Catherine, les Camille ou les Callixte).

Donc, ma chambre de Beu-Beu, elle aussi située sous les combles est mon conservatoire années cinquante-soixante. Je ne m'y repose pas comme aux coquelicots, j'y lâche les amarres mentales et mon esprit vogue parmi les témoignages de cette grammaire stylistique il n'y a guère d'avangarde et, aujourd'hui emblème du kitsch.
C'est pourtant, je me répète, le dernier vrai grand style et l'un des plus innovants qui soient.
Surtout, dans cette pièce, je m'abandonne complètement aux nostalgies savoureuses et empoisonnées des évocations des souvenirs d'une première jeunesse.
C'est curieux que cet univers me restitue l'atmosphère d'une époque où mes parents ne sacrifiaient aucunement à cette tentation jugée alors assez vulgaire.
Je retrouve un monde vécu en me situant sur  une toile de fond qui m'était alors étrangère.
Ceci est peut-être, au demeurant,  la caractéristique d'un style devenu emblématique d'une époque, donc d'un vrai style.

Prêts ? Nous y entrons, suivez le guide :

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La fenêtre donne sur l'étang et, en face, sous le portrait de Pitou, un étonnant meuble alliant les fonctions de bar, radio et pick-up (pas la voiture, hein, l'électrophone). Les fauteuils-scoubidou sont confortables si la température ne dépasse pas une certaine intensité, au-delà ils deviennent tout mous.

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Les céramiques qui ornent le haut de la cheminée manquent peut-être un peu de simplicité, mais bon, encore fallait-il les concevoir. Le canapé-lit en skaï rouge est intact mais je ne l'ai jamais ouvert pour m'y allonger ; je devrais le faire un de ces jours. Les appliques, vous pouvez le constater sont en parfaite harmonie avec le lustre vu plus haut.

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Sur ce meuble improbable une collection de délicieusement immondes céramiques de Villenauxe, à droite ce portrait de vagabond exécuté et offert par un ex-ami disparu m'a toujours suivi, il évoque pour moi le personnage d'un livre qui bouleversa mon adolescence L'Espagnol de Clavel. Atavisme ? Peut-être : mon père, Crescent, était un républicain Espagnol qui épousa ma Française de mère, Henriette, en quittant son pays.

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Maintenant un peu de narcissisme, voici mon autoportrait à l'époque où ma vanité était fréquemment flattée, pour celà je l'ai encadrée de deux paons, symboles de ce vilain défaut que je revendique avec...vanité.
A droite une aquarelle de jeunesse à l'époque où la littérature et les figurations surréalistes peuplaient mon imaginaire.

Je suis un peu contrit de ce verbiage superficiel alors que le Liban souffre les mille morts et que je pourrai fustiger avec vigueur  la préeminence donnée par les média aux exploits Manaudouesques, mais bon, je me dis aussi qu'au lieu d'enfiler les perles d'une juste mais banale indignation je fais tout aussi bien de soulever un peu le voile d'une intimité.

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Commentaires
H
@ Eva : Sais-tu que ton travail archéologique, chère Eva, fait revenir à la surface des billets envolés de ma mémoire ? <br /> <br /> Six ans plus tard, la chambre de Beu-Beu, dont l'esprit reste le même, (style "Mon oncle" de Tati)a un peu évolué, le canapé rouge est au Pavillon des Thés et j'ai trouvé de magnifiques rideaux pour le dessus de lit et l'alcôve, un invendu d'époque.
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E
J'adore flâner dans tes maisons... surtout quand ce sont des posts anciens : j'ai l'impression d'y venir quand on ne m'attend plus ! Je suis là "à la resquille" et le plaisir n'en est que plus grand ! C'est rigolo, tu nous emmènes partout ! et dans cette chambre tu t'amuses de tout en te moquant gentiment !... (des céramiques, des dessins, des bibelots)... J'ai fait d'autres visites chez toi ce soir bien sûr, mais je traîne tellement mes yeux et mes mains partout, que le temps a passé vite... Je t'embrasse pour tous ces petits plaisirs innocents...
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H
Oh non, je ne fais pas d'argent avec ce que j'aime. Mais on peut m'y visiter...
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M
Et tu fais chambres d'hôte ?
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H
Buz-Buz, tu es un flatteur !!!
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