Chroniques d'un été
Un mariage en Touraine et les mille et un travaux d'extérieur m'ont un peu éloigné de mon blog ; Cependant, en filigrane, quelques émotions visuelles ou sensorielles s'enmagasinaient dans ma mémoire prêtes à faire l'objet de ce billet qui en est une sélection.
BAR LE DUC
Ce dernier mercredi 12, Charles et moi sommes allés visiter cette cité Lorraine qui garde les vestiges d'un passé prospère, ne vous inquiétez pas, je ne me substituerai pas à l'Office du Tourisme pour vous en faire l'inventaire artistique, mais j'aime à dire mon attachement à ces atmosphères provinciales où les portes entrebaillées laissent entrevoir les charmes discrets d'une certaine bourgeoisie cadenassée dans ses rituels sociaux sans rien laisser paraître des drames, vilenies et autres turpitudes étuvés en vase clos.
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Pour rappeler la vanité de toutes choses, l'église recèle un transi de Ligier Richier d'un réalisme saisissant, et, pour appuyer encore sur un rappel de la fragilité des entreprises humaines, l'oubli d'alimenter la voiture nous a valu un retour quelque peu assisté.
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VISITEUSE DU SOIR
Une drôle de suspension éclaire faiblement la chambre aux iris déjà évoquée ici.
Cet objet me vient de ma grand'mère depuis plusieurs années disparue. Je l'appelais, pardonnez-moi le "mauvais goût" mémée.
Marie, puisque c'était son prénom, eût une existence très contrastée, issue du milieu rural, elle s'installa comme cuisinière chez un grand bourgeois Bordelais, Jules, qui sensible aux charmes (Marie était belle) et au savoir-faire de ma future grand'mère l'épousa. Jules, puisque c'était son prénom, était mon grand'père.
Marie eût la belle vie, traversée de l'Amazone, Pérou, Madère où maman eût deux ans ; Gicky de Guerlain, bas de soie achetés par boîtes entières... Mais on ne gagne pas toujours à épouser un monsieur plus âgé. Jules mourut et Marie revint dans ses Pyrénées d'origine où elle vécut modestement parmi les épaves de ses jours fortunés. Ce lustre ornait son vestibule, le vestibule de mon enfance.
La nuit dernière, je lisais et le sommeil me gagnait, dans ma torpeur je regardai ce faisceau de houx en corail et bronze lorsque l'ampoule qu'il abrite m'éblouit. Marie m'est revenue en plein coeur et en pleine mémoire, j'avais devant moi son chignon argenté si distingué (elle avait en épousant le Monsieur, épousé ses bonnes manières), son sourire avec ces deux plis d'amertume dont je suis l'héritier m'était directement restitué ; j'ai sangloté convulsivement du bonheur de la revoir et du chagrin de l'avoir perdue...
PÂQUES AVANT RAMEAUX
Dans quelques jours ce sera mon anniversaire (merci, merci de vos voeux, mais bon pas trop, il n'y a pas de quoi pavoiser lorsqu'on vieillit), et profitant du passage par Giffaumont, près du lac de Der, Charles m'a offert, avec un peu d'avance, la barque dont je rêvais. Merci Charles.
J'ai pu saisir de près un nymphéa entier ce matin, mais déja à moitié rongé par les ragondins.
Mignonne allons voir si la rose...
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MANITOU
Non, je n'ai pas invité de cacique à Charmes, un manitou c'est aussi un appareil puissant, tellement puissant que les travaux de terrassement d'une cour ont eu raison du vieux mur de pierres sèches que j'aimais tant ainsi que des fruitiers en espalier qui s'y appuyaient.
Quand le bâtiment va...