Promesses
La saison, propice aux travaux d' extérieur, m'a distrait de mon clavier ces derniers temps.
Le temps ayant quelques velléités estivales j'ai, démembreur en main, exalté mes petits biceps assoupis en élaguant les branches qui, de leurs caresses effrontées au sol, contraignaient le passage de la tondeuse et faussaient quelque peu les perspectives.
Mais ne craignez rien, je ne rivaliserai pas pour autant avec les représentations de rêve du XV de France...
Le fait marquant de ces derniers jours est l'irrésistible épanouissement des fruits du potager et du verger qui, après de difficiles gestations contrariées par une météo désespérante, offrent à nos vues les extravagantes efflorescences de leurs promesses.
Charles est en effet un terrien passionné. En cette saison on ne le voit pratiquement plus, il passe toute la journée de parterres fleuris en carrés de jardin, sarclant, bêchant, arrosant, cueillant et se plombant les reins.
N'est ce pas Charles que la terre est basse ?
Moyennant quoi, les lieux sont devenus un chant païen à Gé la Terre Nouricière et aux charmantes divinités qui en tressent les ors, vrillent les pampres et explosent en fleurs si iraisonnablement belles pour ce qui sera plus tard pois ou pomme de terre : Cérès, Déméter et Pomone.
Solanacées (pommes de terre) et futurs potirons
Les futures grappes de la vigne sont de frêles et odorantes fleurettes jouant à cache-cache avec les calligraphies des vrilles. Chaque fois que je croque une de ces vrilles acidulées, je me retrouve propulsé dans cette période de mon enfance vagabonde où j'habitais une grande maison provinciale.
Si les gelées tardives ont enlevé tout espoir de fruit aux cerisiers, pêchers et mirabelliers, les fraises, elles sont abondantes, les groseilles prometteuses tandis que pommes et poires commencent à s'arrondir.
Végétaux et animaux célèbrent de concert la saison de tous les espoirs, l'air retentit de trilles et sifflements, le coucou chaque fois me confirme que je ne serai jamais riche puisque chaque fois que je l'entends j'ai oublié de me munir d'une pièce jaune dans ma poche.
Les buses, là haut, tournoient majestueusement lançant leur cri strident ; la nuit tombée ce seront les chouettes effraies qui feront vibrer l'espace.
Mais pour l'instant, en passant sous un tilleul en fleur, le bruissement des abeilles promet miel à coup sûr et piqûres probablement.
Un insecte s'est abîmé dans le coeur d'une rose, le voyez-vous ?