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Le blog de HP
12 mai 2006

Au fil de l'eau

L'étang de charmes n'est pas étal, un léger courant le parcourt : il est alimenté par une source et se déverse dans une petite rivière, le Blaiseron.

Au début du printemps j'ai remonté le cours d'eau nourrissier jusqu'à la source le long de la bande de terrain laissée en friche entre la rive et un champ ensemencé.
Les herbes et plantes drues donnent conscience à chaque pas, sous les pieds roulent les pierres et les résidus de minerai rendus cristallins par la fusion et qui remontent des entrailles de la terre pour nous rappeler que les lieux, de l'âge du bronze à 1876, fût pays de forges.

Ce court affluent offre aux regards attentifs une multitude de micro-paysages comme des débuts de mondes possibles.

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Les fleurs du renouveau éclatent du jaune lumineux des renoncules, ils seront passés lorsque les iris du même ton prendront la relève ; je n'avais jamais fait attention à quel point l'or est la couleur maîtresse des efflorescences aquatiques.

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Certaines anses se forment où l'eau étale sert de miroir au bleu du ciel, en dessous de la couleur azur, les débris végétaux se décomposent et les remugles de la marcescence viennent éclater en bulles aux odeurs irrésolues d'une doucereuse pestilence dont on se demande si on n'y prendrait insidieusement goût. Ces senteurs, tout à coup, miracle de la madeleine, me renvoient aux canaux de Gand ou de Venise. Un piquet, incongrument planté dans l'eau èvoque, lui aussi une cité lacustre.

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Les arbres, essentiellement des aulnes, qui scandent les berges reflètent dans l'onde l'élan vers le haut de leurs branches et découvrent leurs racines torturées qui offrent un abri pas si sûr que ça aux poules d'eau ; en effet, Belle n'a de cesse de les débusquer. Je ne cède pas à l'impulsion première de  gronder ma chasseresse, me disant qu'il faut laisser à la nature le soin de régler ses luttes et ses drames éventuels.
Un terrier de ragondin, vu de près, transforme sa béance en prélude aux abysses chtoniennes. En s'approchant de l'étang on peut apercevoir la trajectoire fulgurante d'un brochet tandis que les carpes récemment dévasées paissent paisiblement les végétations aquatiques en véritables ruminants à nageoires qu'elles sont.
Soudain, un trait d'un azur irréel traverse l'espace, c'est un martin pêcheur.

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Commentaires
J
Je me croyais revenu dans "mon" Morvan natal avec un prime de superbes descriptions poétiques...
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P
J'M !
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H
Merci à tous d'exprimer à travers mon modeste billet votre sensibilité, ça me touche beaucoup.<br /> Bruno, quand tu viendras tu m'apprendras à insérer des petites vidéos. Je vais tout de même pas t'inviter pour rien, non ? ;-p
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G
Quel beau texte, quelle belle balade à tes côtés. Merci de laisser tes sens délicatement éveiller les nôtres. Ne manquent plus que les sons, le chant de cet étang doit probablement révéler une chorale animale.
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J
Marcher le long de, à travers, parmi, jusqu'à, flâner là, partout, nulle part, sinon ici, mais toujours sur l'exacte intersection de la légèreté et de la gravité, à cet endroit précis où toute pensée devient aphone et invisible, voire miraculeusement immédiate.<br /> Puis, quand le kilomètre a décanté, redevenir celui qui traduit par les onomatopées de la langue ce qui a été compris au rythme du pas...
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