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Le blog de HP
5 mai 2006

Esperpento

Puisque on tourne autour des singularités ibériques, il est un trait de caractère hispanique qui n'a pas son équivalent ailleurs, du moins je le pense : el esperpento.

Le terme est intraduisible, aussi vais-je tenter de l'expliquer.
Esperpento est la forme la plus radicale de la pudeur ; sous couvert de la provocation la plus brutale, on profane publiquement ce qui vous est le plus cher et le plus intime. Y compris soi-même.
Ultime masque que celui de la blessure proclamée que l'on inflige à ce qui vous touche, vous émeut le plus.
Esperpento est à l'opposé de la mièvrerie, de l'exhibitionnisme et de l'attendrissement.
Esperpento habille d'un rictus satanique les fêlures, les faiblesses et les affections.

Pour ceux qui ne connaissent pas le code, on passerait pour des monstres.

Esperpento a son équivalent en religion, c'est le blasphème, qui finalement est une profession de foi.

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Commentaires
H
Il est certain que si nous continuons il va faloir sacrément se documenter et on s'oriente pratiquement vers la thèse... <br /> Ce qui est drôle c'est que j'ai fait involontairement passer cette notion de "cruauté et de refus sauvage du bonheur" qui est un de mes centres d'intérêt de prédilection , en fait ta lecture était cohérente par rapport à mon "hors sujet" quant au titre.<br /> Nous recommençons quand tu veux, lol !
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A
Je crains de ne pas maîtriser assez toutes les références pour "continuer". <br /> J'ai vu là, oui, une attitude purement névrotique, qui peut certes participer de la prédation, pour peu que l'autre soit enclin à se faire manger. Mais faite essentiellement de cruauté et de refus sauvage du bonheur. Donc assez loin de ce dont tu parles. J'ai forcément lu entre les lignes des choses vécues — éternel aléa de toute lecture.<br /> Gardons au méta-débat des proportions qui ne soient pas espertentiques.
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B
Merci pour ton message. Je suis de retour dans ce monde virtuel, petit à petit.
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H
Eh bien, moi qui avais fait ce petit billet comme ça, benoîtement, l'air de rien...<br /> Il y a des circonstances où l'on est dépassé par ses propos et je remercie Azure de me démontrer la non-innocence de ce que l'on publie.<br /> Donc voilà, un premier apport de réponses tel qu'il me vient à l'esprit en ce retour de campagne.<br /> Avant tout "esperpento" dans son sens premier signifie "épouvantail" s'il s'applique à une personne. Par rapport à une chose l'équivalent de ce substantif serait "horreur". Maisce mot, dans ce sens premier est tombé en quasi-désuétude remplacé par d'autres vocables.<br /> Les dictionnaires espagnols donnent en résumé ces définitions :<br /> 1- Personne ou chose remarquable par sa laideur ou son ridicule.<br /> 2- Genre littéraire initié par Ramon del Valle-Inclan dans lequel la réalité est systématiquement déformée en la chargeant de traits grotesques et absurdes.<br /> 3- Ouvrage de style "esperpentico"<br /> Ce n'est donc plus un mot "populaire".<br /> La notion, dans son sens actuel, est d'origine littéraire, et désigne une attitude ou une expression alliant provocation et extravagance. L'écrivain qui a théorisé le concept, Ramon del Valle-Inclan (1866-1936)est nourri entre autres de Barbey d'Aurevilly et Gabriele d'Anunzio et fait partie du mouvement littéraire espagnol nommé "Generacion del 98" ou génération de 1898, qui exprime l'amertume d'une Espagne post coloniale et dont les derniers semblants de puissance meurent avec la perte de Cuba.<br /> Valla-Inclan est en outre le rénovateur du théâtre espagnol du 20e siècle.<br /> Son oeuvre, en particulier, "las obras esperpenticas" sont fondées sur des concepts antireligieux, cyniques et voltairiens.<br /> Cependant cette prédisposition de l'esprit ibère empreint de sentiment morbide se dessine déja (mais cela n'engage que moi) dans la littérature Picaresque,le fameux Don Quichotte et l'expression picturale de Goya.<br /> Actuellement le mot a évolué, et c'est ce que je désirais illustrer par mon billet, en attitude de provocation grinçante qui dédramatise socialement son vrai sentiment (Mmmm, ça vaut ce que ça vaut, mais bon, ce sont les mots qui me viennent).<br /> Nous continuons ?
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A
Pour une fois, je crois qu'il serait intéressant — voire essentiel — d'en connaître plus sur "esperpento", le mot en soi, l'étymologie, et surtout quel usage en est fait, courant, connu de tous, ou élitiste. Cela indique déjà si c'est une simple attitude sociale banale, reconnue comme telle par tout le monde, ou une notion morale, un concept, dont on discute entre "intellectuels". On (je) ne peut (x) pas en dire plus sans savoir cela. Désolé, je ne parle pas espagnol, portugais un peu, mais pas espagnol.
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