Esperpento
Puisque on tourne autour des singularités ibériques, il est un trait de caractère hispanique qui n'a pas son équivalent ailleurs, du moins je le pense : el esperpento.
Le terme est intraduisible, aussi vais-je tenter de l'expliquer.
Esperpento est la forme la plus radicale de la pudeur ; sous couvert de la provocation la plus brutale, on profane publiquement ce qui vous est le plus cher et le plus intime. Y compris soi-même.
Ultime masque que celui de la blessure proclamée que l'on inflige à ce qui vous touche, vous émeut le plus.
Esperpento est à l'opposé de la mièvrerie, de l'exhibitionnisme et de l'attendrissement.
Esperpento habille d'un rictus satanique les fêlures, les faiblesses et les affections.
Pour ceux qui ne connaissent pas le code, on passerait pour des monstres.
Esperpento a son équivalent en religion, c'est le blasphème, qui finalement est une profession de foi.