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Le blog de HP
4 mai 2006

Bêlements sanglants

L'âme hispanique, dont je suis en partie héritier, a ceci de singulier à mon sens, qu'elle se définit par un affrontement sans fin de contrastes qui, au lieu de disperser la personnalité, convergent vers une cohérence où la richesse des couleurs et la vibration exacerbée des tensions tiennent lieu d'harmonie.

Les extrêmes architecturaux co-existent et, le même siècle verra s'ériger en même temps que l'austère et hautain Escorial les applications baroques les plus improbables.

Curieux témoignage justement que celui de l'Escorial, palais-monastère d'un monarque aussi jaloux de sa puissance temporelle qu'abîmé dans les extases de ses pulsions mystiques.
Surprenant temple de la toute-puissance où les fastes et les richesses n'ont droit de cité que dans le mausolée, véritable orgasme de dorures et de marbres polychromes.

Saintes de Zurbaran vêtues de lourds brocarts mais allant les pieds nus ; morgue hautaine de duchesses qui se donnent paraît'il à leur peintre favori roturier et laid de surcroît.

Les exemples foisonnent, mais restons en là, ce long préambule n'a pour but que de nous amener à l'évocation d'un écrivain Espagnol d'expression française : Agustin Gomez-Arcos, et, plus précisément son ouvrage le plus troublant, L'agneau carnivore.

Ce livre est un de ceux que j'aime transmettre, comme un héritage spirituel, à mes amis.
Il y en a d'autres, je pense à Anna Soror de Marguerite Yourcenar et le bouleversant Kira Kiralina de Panaït Istrati ; évidemment de trouver ces ouvrages qui ne sont plus édités tient du marathon.
Mais, revenons-en à L'agneau carnivore, ce monument à l'amour-détestation de la mère et à l'amour-passion fraternel est comme un ciel de tourmente de Gréco, les intérieurs sombres et clos laissent éclater comme un cri de douleur les étoffes pourpres, les aristocrates ruinées traînent leurs rancoeurs dans des velours passés et élimés.
L'amour maternel se dissout dans l'action politique égotiste, et, dans ce monde de lourds archaïsmes et de contraintes éclot l'amour fusionnel, absolu, totalement fatal et lumineux, vraie vérité qui s'érige en faux contre tous les diktats moraux et sociaux.
Mieux, cet amour-défi l'emportera sur toutes les vulgarités et compromissions du monde "extérieur".

Si par hasard, vous pouvez acquérir ce livre, ne manquez pas de le dévorer, sur la pâleur somnambulique de votre visage, vous sentirez s'épanouir la grâce dramatique d'un sourire de sang.

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Commentaires
H
???<br /> Lol
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N
qui est ce qui a acheté l agneau canivore à Zorzor ?
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