Carême
Le carême est pour moi, et, pour la quatrième année consécutive, une période bien particulière.
Pendant cette durée, je ne me prive de rien, sauf de vin, tout mon entourage sait que pour l' amateur assidu de la liqueur dyonisiaque que je suis, le défi est d'importance.
le carême a commencé cette année le 1er mars et s'achèvera à Pâques, c'est à dire le 16 avril.
Bon d'accord, le premier jour j'ai triché et j'ai bu ; dîner entre amis à la maison, et à la pointe du 2 mars, l'anniversaire à souhaiter à Charles. C'est si bon le vin de Champagne... et les vins de Médoc... Je me rattraperai en ne buvant pas les dimanches alors qu'il y a ce jour là une tolérance.
Mais depuis hier, ça y est, plus une goutte de vin jusqu'au 16 avril (tiens j'ai horreur du chiffre 16, maléfique et fatal, mais pour une fois il a une gueule bien sympathique). Oh la la ! 45 jours sans boire...
Restent à dire les justifications de cette attitude :
Non, je ne suis pas un "cul béni", mes croyances élastiques et opportunistes me ménagent toutes les niches de confort qui permettent de concilier élan spirituel et jouissance de la vie.
Et puis, si Dieu est vraiment Grand je le vois mal tenir une comptabilité de ce que nous ingurgitons ou non. Il ne lui manquerait plus que les manches de lustrine frottant son Bureau... Vous voyez l'image ? Mômeries dépassées.
Nous ne sommes pas pour autant à l'abri d'une quête spirituelle qui vient ainsi, sans crier gare, vous titiller l'âme : vous connaissez bien : où cour-je, dans quel état j'ère, et gnagnagni et gnagnagna.
Bon bref, de temps en temps les zombies que nous sommes éprouvent la nécessité de faire une mise au point, dans ce cas-là une bonne rupture dans ses rites quotidiens (oui, je bois à tous les repas) vous procure l'état de manque, de vacuité inenvisageable dans les traversées repues et ronronnantes de notre quotidien ordinnaire. Bref, créer un vide pour essayer d'y mettre quelque chose.
Et puis il ya l'élan roboratif du défi par rapport à soi. Moi esclave de mes deux (ou trois) petits verres de vin de Bordeaux pendant mon repas ? Que nenni, que nenni, vade retro satané liquide. Je suis maître de moi, comme de l'univers (tiens ça doit pas être de moi, ça...)
Et enfin, rendez-vous compte : c'est la guerre à la bouée. Ce sont les scuds amerlokes sur le gras-gras irakien, ce sont les flammes de la Sainte Inquisition purifiant la Sorcière Pondérale.
Enfin, ça va être dur quand même !!!