Dîners en ville
Dans un monde où le temps est compté, ou l'on a perdu l'habitude de sonner à l'improviste chez des amis, il n'y a plus qu'un seul moyen de vivre son paysage affectif hors des atmosphères bruyantes des restaurants ou autres lieux publics : les dîners en ville ; recevoir et être reçu.
J'avoue que c'est un sport que je pratique plus qu'assidûment, bien sûr cela oblige à des stages prolongés en cuisine. Tout le monde sait que la cuisine est une maîtresse exigeante et qu'à la moindre faute d'inattention, blan ! elle vous oblige à la plus grande contrition devant les victimes qui partageront le plat raté. Mais enfin, l'essentiel c'est de se voir n'est-ce pas ?
Il y a les dîners "priés", moins détendus parce qu'un peu "obligés". Mais alors là, on se fait beau, on se met en vedette, et hop, l'ennui devient scène de théâtre.
Il y a les dîners entre garçons, et là, la bienséance interdit tout commentaire.
Il y a les dîners d'amis, en petit comité, ce sont ceux que je préfère, six est le chiffre idéal pour l'échange, au dessus ce ne sont plus que conversations croisées.
Hier c'était un dîner de ce type, échanges vifs, tendresse, pulsions contraires d'écoute et d'expression...
En plus je n'avais, toute modestie mise à part, pas trop mal réussi ma cuisine, je l'ai d'ailleurs photographiée à des fins bloggesques, voilà la terrine confectionnée la veille et le tagine concocté le jour même après cinq heures de mijotage.
Charles avait façonné une superbe tarte aux pommes.
La terrine avant de passer à table
Le tagine encore cru, le couvercle posé, il mijotera le plus logtemps possible à feu très très doux.
Dresser joliment une table fait également partie du plaisir.
Garder une fragance tenace d'ail et d'oignons est moins agréable.
Le dernier convive parti, jadore éteindre les bougies, les fumerolles et leur odeur si singulière m'enchantent. Proust...
Tiens, au fait, pourquoi ces bougies mourantes sont-elles semblables à mon état mental d'aujourd'hui ?
Petite forme, vague à l'âme, asthénie de l'esprit... Pourquoi ? je n'en sais rien... Il est des jours comme ça.
Mais, bah ! Le soleil revient toujours.