sourire volé
Un train matinal et, trois heures après nous voici à Casablanca.
Casablanca, toujours égale à elle même, ses cieux griffés, éclatants et soudain humides, beaux comme une femme capricieuse, entre éclats de rire et pleurs.
La corniche perpétue le cadre d'une dolce vitta très années cinquante, les vagues argentées de cette saison couronnent d'écume les rochers où bulots et oursins sont tour à tour couverts et exposés, et, après ce tumulte vont sagement mourir sur le sable humide et compact.
L'îlot de Sidi Abderramane et son sanctuaire mettent une note finale moralisatrice à la succession de discothèques et de restaurants tandis que les derniers rayons de soleil violacent tragiquement les lointains diaprés de l'océan.
En voiture notre amie Aziza conduit, Charles sagement assis à côté d'elle. Derrière j'ai l'avantage de me marginaliser de la conversation et de, donc, boire la ville avec les yeux.
Un feu rouge ; profitant de l'immobilisation des voitures, un adolescent s'approche proposant des kleenex, avant de redémarrer j'ai le temps de capter son sourire et cela a fait naître le mien.
Le garçon n'a plus pensé à ses petites ventes, j'ai tourné la tête, nos mains s'agitaient et j'ai encore ce sourire fiché en moi qui m'illumine l'âme.
Heureux les pays où un regard vous vaut un sourire...