Amplitudes
Marrakech en cette saison est incroyable : journées chaudes et langoureuses, matinées fraîches plus que de raison et soirées quasiment glaciales. L'Atlas n'est qu'à 70 km et c'est un des spectacles les plus inhabituels qui soient de voir ces murailles rouges et ces palmiers crissanrs se détacher sur la toile de fond de l'Atlas enneigé.
Aujourd'hui, dimanche, nous sommes allés assister à l'office catholique de Marrakech ; j'aime cette célébration, d'abord le clocher de l'église dialogue avec le minaret de la mosquée qui lui fait face abolissant tous les raidissements et radicalismes qui nourrissent notre péeiode crispée et tendue.
De plus la messe à Marrakech est une vraie messe, on y va, non pas par "rite" mais par croyance. L'assistance est recueillie sans posture et le tout baigne dans une magnifique lumière qui filtre à travers les verreries jaunes, bleues et rouges. L'église elle même, très simple, présente des murs aux teintes pastel, majoritairement rose barbe-à-papa et jaune très doux. Un peu de vert pomme aussi.
La chorale est composée d'Africains, de jeunes Noirs très enthousiastes qui donnent à nos cantiques des couleurs de gospels. Parfois un tam tam vient rythmer les envolées vocales et si l'idée de communion et de paix universelle devait être représentée, c'en serait ici une convaiquante illustration.
Et puis il y a l'assistance, des participants très provincialement endimanchés majoritairement des Européens et des Noirs. Pas de musulmans. Bon, ils ont tellement de mosquées qu'on ne va pas en plus leur demander de fréquenter l'Eglise. Et c'est très bien ainsi.
Au risque de paraître moqueur je ne puis passer sous silence la description de cette famille qui est toujours au premier rang de l'église :
On se croirait soudain à Versailles, papa, maman et quatre enfants, deux garçons et deux filles.
Ils sont jeunes et du type catho-gaymard, ces représentants de la zoologie humaine où dès que la dame cède, en bonne chrétienne, aux désirs véhéments de son mari, paf, elle pond dans la foulée.
Papa : parka beige et pantalon en velours côtelé un peu fatigué du même ton, vous voyez bien, cette couleur bcbg qui hésite entre le beige, le grège, le naturel et le ficelle, bref, une non-couleur très "comme il faut".
Maman : loden bleu marine très long, bas bleu marine opaques, escarpins pas plats, c'est pas assez habillé, mais pas trop hauts, c'est mauvais genre. Coupe carrée de cheveux blonds flirtant avec les épaules et, aujourd'hui, pas de serre-tête les lunettes de soleil en faisant office.
Les marmots : pantalons sous le genou, shetland gris bien entendu et, bien entendu encore, raie sur le côté et frange très "les triplés"
Les petites demoiselles : bas opaques et foncés, jupe de flanelle grise sous les genoux et alors, alors là, l'inévitable veste en maille pseudo tyrolienne passepoilée de bleu avec les inévitables boutons dorés.
Certaines personnes ont le don d'abolir tout exotisme ou tout dépaysement, restant intangibles et, quelles que soient les circonstances, égales à elles-mêmes.
Ben voilà, je m'apprête à quitter ce cyber reccueilli où j'ai eu le bonheur de me rappeler à vous.
Vous me manquez...